Les amateurs de progressif apaisé et touché par la grâce vont être heureux : Alan Parsons Project est de retour ! Enfin, pas tout à fait. Mais le projet en a : imaginez le parangon de la chanson belle gueule, jai nommé Patrick Bruel, en fan absolu des fameux auteurs de « Eye in the Sky » et autres « I Robot ». Allons même plus loin avec lidée réjouissante dune comédie musicale qui serait basée sur lun des meilleurs albums du groupe « The Turn of a Friendly Card ». La réalité dépassant souvent tout le reste, notre homme a donc imaginé un fascinant concept qui galope sur les terres fécondes de lopéra rock avec en ligne de mire la conquête des planches parisiennes.
Au passage, on lui saura gré dêtre parvenu à réunir ce qui se fait actuellement de mieux sur la scène frenchy et davoir sû intégrer quelques icônes de la nouvelle scène aux artistes consacrés. En maître de cérémonie, Bruel se colletine le thème du jeu et des cartes sur fond dépopée où Titi-la-Loose, jeune parigot poissard et poule-mouillée, joue son va-tout dans un tournoi de poker suréaliste.
Cet album qui ferait facilement passer Florent Pagny pour un tourneur albanais permet dentrevoir les turpitudes dun garçon rongé par le doute au fil de chansons upercuts ou alambiquées. En libérant les métaphores sur la société qui ne serait quun grand plateau de jeux de hasard où la chance domine, Bruel nhésite pas à sexposer : « The Helicoïdal Chicken » (sur la grippe aviaire) ou « Stereolobotomy » (duo jazzy entre Darmon et Arielle Dombasle sur un texte de BHL) introduisent laffaire de belle façon. Accompagné par la rythmique conjointe de Calogero et Manu Katché, cet univers tangible essuie la tempête (« Le Trèfle - au bout du rouleau » avec son armée dinstruments à vent) et se surprend à flirter au long dune réjouissante polka (« La Belle Paire » avec Diams en prime).
Faisons un nouveau compliment au projet où les voix féminines sont subtilement utilisées en contrepoint (Miss Dominique qui sussure sur « Flush Back », les hurlements de Carla Bruni sur le psychédélique « Gaudi Gandhi Be-Goody », hommage dantesque au fameux « Hair » ) avant le grand plongeon vers linconnu, la suite « Le Tour de mon amie Carte » qui inscrit illico « Intro-Apero » au rayon culte des instrumentales neurasthénique (merci aux comparses de AIR). Lombrageux Vincent Delerm innove ensuite sur un revenchard « Posepipi » alors que « Nothing Leff Toulouse » chronique à la lettre les angoisses brueliennes en donnant limpression de mener nulle part.
Ailleurs. Cest surtout loin de tout modèle que cet énigmatique « The Turn of a Friendly Card - part II » se dirige. Loin du sucré « Soldat Rose » ou des imposantes caricatures Obispo-Chouraquiennes. En proposant un large éventail de grandes chansons fragiles, longuement décantées et supervisées par le maître du son himself, tout lalbum semble planer au-dessus du lot. En lévitation. Reste à méditer « Mammagourmette » et un « T-Ruiné » délicat en duo avec Johnny Halliday. Le reste nest que poussière... et surtout lattente dune représentation scénique qui devrait à coup sûr déclencher lovation générale à grand renfort de monstres cachés sous le lit de la chanson française.
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