Titre : Lapprofondissement progressif et la recherche de la perfection
En 1972, Genesis semble vouloir asseoir sa notoriété et peaufiner son identification musicale. Foxtrot naît immanquablement de cette volonté, ce qui peut donner aujourdhui le sentiment dune musique plus contrôlée. Si Genesis a toujours voulu donner à chacun de ses albums un son unique et propre, Foxtrot est probablement celui dont le son a le plus souffert du temps qui passe. Pourtant, ce son qui demande peut-être un effort dadaptation à la première écoute, apporte toute son identité à ce formidable album.
« Watcher of the skies » marque demblée Foxtrot de son empreinte. Débutant sur un solo dorgue magistral, les coups de boutoir de la basse de Rutherford insufflent ensuite toute leur énergie sur toute la longueur du morceau. Collins et Hackett ne sont pas en reste et la batterie du premier ainsi que la guitare électrique du second apportent toute leur luminosité dans cet ensemble impressionnant au niveau du rythme et de la puissance. Le conjoint de ce morceau nest autre que « Get em out by Friday », probablement la plus grandiose des mini-pièces théâtrales produite par Genesis. Contant lhistoire dune société immobilière ayant la volonté farouche de virer tous les habitants dun immeuble à des fins pécuniaires, Peter Gabriel interprète par des mimes sonores dune finesse exquise tous les protagonistes réactionnaires aux représentants de ladite société. Très britannique, le morceau est véritablement habité par le jeu des musiciens jouant avec les accords pour mieux faire ressortir les contrastes et les détours dun dialogue tout autant musical que chanté. Ces 2 morceaux dantesques seront réellement magnifiés dans leurs versions live qui sortiront peu après. La puissance sonores et la virtuosité musicale et artistique y sont incomparables.
Partagés entre ces 2 plages, « Time Table » et « can utility and the coastliners » sont 2 morceaux qui tranchent fortement avec les 2 précédents par leur pureté et leur simplicité. Dune élégance sans pareille, le premier qui nest autre quune digression sur la nature humaine, apporte toute sa fraîcheur et son incomparable finesse entre les 2 moteurs à explosion que sont « Watcher of the skies » et « Get em out by Friday ». Le second morceau est quand à lui marqué en son centre dun véritable rugissement de la basse inégalé dans toute lhistoire du groupe et se termine sur un duo bass-orgue plein dentrain.
Petit intermède musical, « Horizons » nous montre toute létendue artistique et musicale de Steve Hackett qui, au départ dune suite de Bach, nous emmène aux confins de la pureté au travers des cordes de sa guitare acoustique. Aussi petite soit elle, on ne peut se lasser découter et de réécouter ces quelques notes de pure beauté nous diriger doucement vers le gigantesque « Suppers ready » qui clôture lalbum. Gigantesque, « Suppers ready » lest indubitablement tant par sa taille que par sa construction et la force dexpression qui sen dégage. Occupant toute la face B du vinyl originel, les quelques 23 minutes qui le composent sont subtilement divisées en 9 sous parties relativement indépendantes. Des compositions dune telle ampleur fleurissent en ce début des seventies et ne sont pas du tout lapanage de Genesis. Cependant, « Suppers ready » se démarque par son évolution rythmique contrastée et la volonté du groupe de casser périodiquement le flux mélodique. En ce sens, cette uvre se veut constamment innovante et évolutive. Le texte, très imagé, est très ouvert et chacun pourra en donner sa propre interprétation. Le point culminant, si lon veut en trouver est probablement Apocalypse in 9/8 (pour lequel nous ne remercierons jamais assez Gabble Rachet pour sa généreuse participation .. rires) avec son implacable et monstrueux ryhtme de bass-batterie accompagné par lorgue surdynamité de Tony sur laquelle la voix de Gabriel se déchire dans lintensité.
Certains auditeurs pourront préférer la version live donnée sur « Seconds out » en 1977. Le développement de la batterie y est absolument ébouriffant, même si le chant de Phil Collins reste moins expressif que celui de larchange et que la flute céleste de ce dernier remplacée pour loccasion par les synthés manque cruellement à tout ceux qui connaissent cette version studio.
Si la production de « Foxtrot » a cruellement souffert du temps, cet album nen reste pas moins magique par ses aspects baroques et sa maîtrise musicale. Il sagit du premier album pour lequel Genesis sest fortement soucié de lagencement des morceaux et de la vision densemble. Et, en effet, aujourdhui encore cet album est reconnaissable entre tous et laisse une série de plages qui resteront dans les annales du groupe par leur intensité et leur inventivité. Foxtrot est un album intermédiaire, quelque part une première tentative vers plus de perfection, laquelle explosera dans lalbum suivant « Selling England by the Pound ».
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