Pete Seeger ça vous dit quelque chose ? Non ? Si cela peut vous rassurer, lami Springsteen nen savait pas beaucoup plus avant de participer à un album hommage en 1997. Loccasion également de rencontrer ceux qui allaient constituer, huit ans plus tard, le ferment de ce We Shall Overcome : Sam Bardfeld (violon), Art Baron (tuba), Frank Bruno (guitare), Jeremy Chatzky (basse), Mark Clifford (banjo), Larry Eagle (batterie, percussions), Charles Giordano (orgue, accordéon, piano), Lisa Lowell (churs), Ed Manion (saxophone), Mark Pender (trompette), Richie Rosenberg (trombone), Patti Scialfa (choeurs) et Soozie Tyrell (violon). Voilà pour les présentations.
Avec un tel potentiel, le Boss avait de quoi faire tourner les têtes. Rendez-vous pris fin 2005, début 2006 dans le salon de sa ferme du New Jersey ! En famille. Entre potes. Sans chichis. Il faut voir les cuivres coincés dans le couloir dans le DVD bonus et gourmand. Cet indispensable making-of de 30 minutes dévoile ainsi la réalisation de cet album plein de charme. Une réunion musicale avec comme seule ambition de retranscrire avec le plus dhonnêteté et de simplicité possible ce lot de chansons country-folk traditionnelles, popularisées par Seeger et solidement ancrées dans la culture américaine. Le résultat dit beaucoup de choses. Des choses qui nont (malheureusement) pas vieillies. Bruce Springsteen en profite pour dépoussiérer les aspects politiques dans lesprit des Basement Tapes de Bob Dylan comme en témoigne le poignant My Oklahoma Home en hommage aux victimes de louragan Katrina. On lui saura gré de ne jamais surjouer, ni forcer la dose et de rester en permanence sur le fil de lémotion et de la complainte. Quelle soit dénudée ou portée par une fanfare délurée.
All foreign wars, I do proclaim / Live on blood and a mothers pain
Le résultat est jubilatoire. Euphorisant comme il ne lavait pas été depuis Born in the USA. Une sorte de compilation americana de thèmes triomphaux associés à des textes acides, dune actualité saisissante (angoissante ?) faisant la part belle à loppression et lexploitation (Eyes on the Prize). On a cette impression étrange que Springsteen boucle la boucle. Quil tient là la somme de tous ses combats.
Brothers and sisters, dont you cry / Therell be good times by and by
A ces histoires si proches des modestes sassocie un sens de la narration hors du commun. Ca swingue (Pay Me My Money Down), ça jazze, ça boogie, ça bluese (Jessie James, chef duvre), ça gospel (Oh, Mary, Dont You Weep) bref, ça vit !!!! Cette joie irrésistible dans la tristesse des thèmes abordés et la générosité des musiciens et des orchestrations font laffaire. Ce premier album de reprises prend alors des allures de grandeurs. Après lépreuve de force lancé par The Rising puis le diamant anthracite Devils & Dust, We Shall Overcome changeait une nouvelle fois la donne (avant la rechute inévitable), avec un Bruce Springsteen, qui confirmait son statut de grand patron. Respect.
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