Avec le départ du multi-instrumentiste Kjartan Sveinsson, la formation islandaise, connue pour ses ambiances dune froideur à glacer nimporte quel manchot empereur, navait plus dautre choix que de se réinventer. En remettant dare-dare le métier à louvrage, un an à peine après le nébuleux (voire mortifère) Valtari, le trio SIGUR ROS abandonne ses (légères) velléités électro pour un penchant plus post rock, un cocktail plus frappé. En témoigne la volcanique ouverture « Brennisteinn », qui remet le son à plat. Le chant de Jonsi, toujours vaporeux, émerge alors de cette marmite sous tension, prête à exploser, qui délivre une musique qui siffle aux oreilles sans sombrer dans la routine. Lunivers des SIGUR ROS est sauf.
Ce septième album, en forme de tremblement de terre (Kveikur), brille par une section rythmique (le bassiste Georg Holm et le batteur Orri Páll Dýrason sont enfin au premier plan) qui pétille, brûle et rue dans les brancards (« Kveikur »). Le songwriting apparaît toujours aussi habile, jouant des textures, des atmosphères jusquau cur (« Yfirborð »), avec cet éclairage tamisé qui en rehausse les atours. La malice et lélégance de ceux qui furent souvent comparés à Coldplay (« Ísjaki », le bubble gum en moins) visite ces neuf titres comme autant lieu de perdition, avec cette fois la foi du lendemain (« Rafstraumur ») et le regard vers les étoiles.
Car, enfin, SIGUR ROS ne senferme pas dans le standard nordique du cul de sac sans espoir, dans cette torpeur freezée dhiver et dautomne, ces vallées au charme irrésistible du spleen flottant. Même linstrumentale finale « Var » joue sur ce velours séduisant où la lumière même effleure. Cette voie que lon pensait sans issue souvre enfin les champs du possible. Et cest beau à pleurer.
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