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Fiche d'informations
BILL DERAIME
Pays : France Genre : Blues Dates : 1947 URL : cliquez ici - Avis : 32 note(s) et 3 critique(s) - Moyenne albums : 8.08 - Classement : 492 - Consultations groupe : 15191
- Avis : 32 note(s) et 3 critique(s) - Moyenne albums : 8.08 - Classement : 492 - Consultations groupe : 15191
Article
30/04/2013
Câest un géant. Barbe grisonnante, sourire amical, la démarche à la cool de ceux qui ne semblent plus subir de pression. En apparence seulement. Car Bill Deraime est un angoissé et même un peu plus comme en témoigne la chanson « Maniaco Dépressif » qui verse pourtant dans la dérision. Mais la maladie ne plaisante pas. Elle lâaura laissé exsangue plus dâune fois. Entre deux eaux. Mais depuis quelques années, elle sâest adoucie, baissé le volume. Le temps dâenregistrer « Après Demain », un nouvel album qui émoustille une fois encore ses muses bluesy « idéales pour le désespoir » et reggae « une musique portée vers lâespoir ». Lâambition de ces réinterprétations ? « Revenir sur des titres moins connus qui méritent la lumière, une nouvelle vie ». Dans son appartement parisien, les étiquettes nâont plus cours. Celui qui lança dès les années 70 la vague dâun blues à la française se fait bavard et nâhésite pas à refaire le trajet à lâenvers avec lâart des digressions passionnantes.
Cliquez ici pour lire la chronique de Après Demain (2013) Cliquez ici pour lire la chronique de Brailleur de Fond (2010) Cliquez ici pour lire la chronique de Bill Deraime Bouge Encore (2008)
AmarokProg : Salut Bill ! Alors, comment tout cela a-t-il commencé ? Bill Deraime : Je crois que tout a commencé très tôt. Jâai eu une adolescence assez tardive, jâétais fils unique et donc choyé par mes parents. Bon, je suis né dans un contexte difficile aussi, après la guerre. Ma mère était maniaco-dépressive et mon père venait dâun milieu où les choses étaient quand même compliquées. Jâai grandi à Senlis, une ville sombre, assez moyenâgeuse et un jour jâai entendu Ray Charles. Là , ça a été comme un flash, une extase. Jâécoutais ça dans le noir, religieusement. Je me mettais dans un coin avec le Teppaz. On nâavait pas de piano, alors mon père mâa acheté une guitare, vers 14 ou 15 ans et câest là que jâai commencé à jouer. « What I Say » bien sûr et puis dâautres trucs, mais il a fallu que je cherche des choses plus accessibles et câest à ce moment là que des copains mâont fait découvrir Big Bill Bronzy. Le blues faisait son chemin⦠AmarokProg : Big Bill Bronzy, câest de là que vient ton pseudo ? Bill Deraime : Oui. Big Bill, câest vraiment « mon » premier bluesman. Un vrai ! Après, je me suis intéressé à Lighninâ Hopkins, beaucoup plus simple à jouer aussi. Je suis allé vers des choses comme ça, à la guitare, une musique vraie, directe. AmarokProg : Tu as appris en autodidacte ? Bill Deraime : Oui, mais câest un peu plus compliqué que ça. Jâétais dans un collège religieux. Mes parents mâavaient mis là car jâavais une tante qui voulait absolument que je suive une éducation religieuse. Mes parents étaient athées mais bon, comme jâétais fils unique, jâai pu entrer dans cette école, le collège Saint-Vincent, réservé aux bonnes familles et tout ça. Câest important car je pense être devenu un artiste à cause de lâénorme complexe dâinfériorité qui en a résulté. Je me sentais un peu isolé là -bas. Je me suis même inventé une noble lignée et jâai enveloppé lâhistoire autour de la Révolution, de la perte de ma particule, tout un truc incroyable. AmarokProg : De quoi te sentir à lâaise⦠Bill Deraime : Exact (rires) ! Mais il y avait beaucoup de parisiens dans ce collège, des familles bourgeoises et assez riches⦠et puis il y avait un prêtre séminariste, professeur dâanglais, qui nous a fait écouter du gospel très traditionnel qui mâa vraiment touché. Avec des copains, on a alors monté un groupe de Gospel, tout simplement. Je jouais de la guitare, un autre jouait de la caisse claire⦠on était une dizaine et on chantait des traditionnels, comme ça, sans prétention, juste pour la musique. On avait un répertoire mais notre premier concert ce fût pour le collège des filles, à Saint-Joseph. Il était situé de lâautre côté de la ville. Tous les ans, il y avait une fête, le week-end, et seuls les pensionnaires venaient. Il y avait toutes les filles du collège qui étaient là , pour nous, câétait fabuleux, tu images ! On a eu un succès monstrueux évidemment parce que ce nâétait pas du tout le style de musique de la maison. Je nâavais pas lâesprit mystique à lâépoque, on y allait surtout pour les filles (rires). Mais câest quelque chose de très important, câest lâenfance, ça te tient toute ta vie. Le flash que tu as eu, le rêve que tu as fais à ce moment là ⦠câest ce qui a ensuite dirigé ma vie. AmarokProg : Et ensuite, tu as passé la vitesse supérieure Bill Deraime : Oui et non. Jâai fais médecine à Amiens, enfin, pour être exact, je faisais plus de musique que de médecine et puis je suis rapidement parti à Paris pour faire kiné. Mais là , ce fût la même chose. La musique a rempli tout lâespace. Jâhabitais sur la Butte Montmartre, parmi une communauté, comme ça se faisait à lâépoque. Au début, on était quatre et on sâest rapidement retrouvé une dizaine. Tout la Butte débarquait chez nous ! On jouait du Gospel et des traditionnels américains avec un copain au banjo et dâautres au washboard, à la mandoline. Quelque chose comme du « old time » mais avec un son très particulier. On sâappelait les Wandering, « ceux qui vagabondent », les ménestrels.
« La musique donne un contact avec les gens, qui va au plus profond. »
AmarokProg : Câest à cette époque quâa émergé des groupes comme Malicorne, non ? Bill Deraime : Câest ça. Parallèlement à nous, il y avait un groupe avec des gosses de 16 ans et quelques. Câétait les débuts de Malicorne. Eux faisaient alors des trucs irlandais avec du violon. AmarokProg : Et de là est né le TNS. Bill Deraime : Comme beaucoup de communautés, des trucs bizarres circulaient, de la fumette, ce genre de choses. Moi, ça me rendait malade, jâétais trop sensible, limite « nervous breakdown ». A ce moment là , jâai rencontré un psychiatre avec qui on a monté un club, le TNS Folk Center, à Saint-Germain des Prés. On avait une salle qui était ouverte tous les jours pour permettre aux beatniks de passage, des anglais, des scandinaves, des américains qui voulaient fuir la guerre du Vietnam, de venir se soigner, se ressourcer. En même temps, on tournait dans des MJC. « Folk Songs » était un passeport magique à cette époque. Ca faisait venir une centaine personnes comme ça. AmarokProg : Surtout quâà ce moment là on était encore en plein dans la période yéyé ? Bill Deraime : Bob Dylan et Joan Baez nâétaient pas très connus à ce moment là ⦠il y avait donc un lieu de rendez vous ouvert tous les après-midi et une petite salle de concert qui contenait entre 150 et 200 personnes assises par terre avec une petite sono. A côté de ce club, il y avait une « free clinique » montée avec ce psychiatre. Ces « clubs de prévention » étaient une expérience assez novatrice, comme Olievenstein à lâépoque. Il y avait un milieu propice à ce que les gens viennent se faire soigner ou puissent trouver une cure de désintoxication anonymement. Cela nous valait quelque fois dâêtre braqués parce quâil venait toutes sortes de gens. Musicalement, on faisait passer des gens avec un programme aux deux centres américains, boulevard Raspail et rue du Dragon, ainsi quâà lâÃglise américaine. Des lieux où les gens sâinscrivaient pour venir chanter. Il y avait même des gens connus qui venaient comme le guitariste des Troubadours qui venait chanter des trucs américains, Béranger de temps en temps, Dick Annegarn quelques années plus tard, Alan Stivell, Graeme Allwright. Dans ce contexte on a évolué. Câétait quelque chose de vraiment positif. Il y avait 2000 adhérents quand même avec du renouvellement, ça marchait super bien. Câétait toujours plein. A la suite de ça, ce psychiatre a fondé une maison dâaccueil à la campagne pour les gens qui sortaient de cure de désintoxication ou qui sortaient de prison et à qui il fallait éviter de replonger tout de suite dans la vie parisienne, dans la défonce. Le concept était simple, câétait une maison avec des éducateurs et des accueillis. Au début, on était trois ou quatre. Câest quelque chose qui a bien fonctionné aussi. Il y avait des gens qui avaient fait une dizaine de cure de désintoxication à trente balais, et qui voulaient vraiment arrêter. On a fait ça deux ans et puis on arrêté parce que câétait très dur. Nous on habitait sur place à plein temps. A la suite de cette expérience, jâai commencé à chanter en français. On avait trois groupes. Un groupe de bluegrass qui sâappelait « Bluegrass Flingou », un autre projet avec le fondateur de Malicorne et puis un duo bluesy avec Jean-Jacques Milteau et Alain Giroux. Il y avait alors un véritable vivier de musiciens. AmarokProg : Et Marcel Dadi ? Bill Deraime : Non. Lui il passait surtout au centre américain mais il ne faisait pas partie de lâassociation. Pour nous câétait aussi, un peu, le showbiz, tu vois ? Il était très démonstratif. On a fait des concerts avec lui parce quâon jouait un peu partout, mais nous on était du genre « quâest-ce que tu sais faire avec les oreilles ? » parce quâil jouait vachement bien mais très technique et moi je nâai jamais trop aimé ce côté démonstratif. Ca manquait de feeling. Tu écoutes Merle Travis ou Doc Watson, quand ils chantent il y a quelque chose qui se passe. Ce nâest pas juste un moulinet qui fait son truc en souriant aux gens. Il avait même osé dire un jour que Gary Davis ne jouait pas très bien de la guitare, tu imagines ? Gary Davis qui était aveugle, en plus. Câétait un monstre au niveau de la guitare blues. De temps en temps, il en foutait une à côté, câest normal, il était aveugle. Mais on lâaimait bien quand même. Je ne vais pas en dire du mal dâautant quâil est parti aujourdâhui mais il ne faut pas oublier quâil avait aussi son magasin, câétait du business. AmarokProg : La musique câest autre chose⦠Bill Deraime : Câest un contact avec les gens, qui va au plus profond. Dans la mesure où câest le superficiel qui domine, le profond est évacué. Il nây a plus cette vérité, ce bien être qui est donné par la musique. A lâépoque câétait déjà ça, même dans le folk. Bon, jâai fais partie du show-biz, je sais ce que câest, jâai bien connu, merci. Mais si à un moment, pour moi, ça sâest écroulé, câest certainement à cause de ça. Je nâétais pas fait pour tout ça. Pourtant, je mâétais complètement investi dedans. Jâavais tous les réflexes du showbiz. Quand ça a commencé à moins marcher, jâen étais malade. Et comme ma mère était maniaco-dépressive, je le suis devenu à mon tour. Mais aujourdâhui avec les gens avec qui je travaille, câest autre chose. On reste en dehors du système et je retrouve cet esprit là . Le studio où jâai travaillé appartient à un copain, le réalisateur également, et on a fait de la musique, avec les deux groupes avec qui je joue depuis un bon moment. Comme avec Mauro Serri mon guitariste. On fait de la musique avant tout. Après on peut penser que tel ou tel titre est à mettre en avant, parce quâil faut aussi se montrer pour défendre un certain point de vue. Câest pour ça quâon met très en avant avec un clip « Esclave, exclu », parce que ça dit la chose, câest vraiment toute ma vie que jâexprime là -dedans. Et ça passe à travers le blues, quelque chose de la rue.
« le blues et la musique noire étaient vraiment ma passion. »
AmarokProg : Bref, tu étais très occupé à ce moment et tu as commencé à chanter en français⦠Bill Deraime : On faisait des concerts, jusquâau jour où jâai pensé à écrire en français effectivement. A cause des gens avec qui jâavais vécu à la campagne, les toxicos, qui ne parlaient pas en anglais. Ca mâa paru évident. AmarokProg : Câétait nouveau le blues en français ⦠Bill Deraime : Oui, il y avait eu Nougaro, câétait déjà un peu ça, et le « blues du dentiste », mais ce nâétait pas une identité à part entière. Nougaro câétait plutôt le jazz⦠le blues, câétait vraiment le blues, câétait ça ma passion, la musique noire. Après, jâai découvert que jâétais con, quand jâétais môme je nâaimais pas le Rythmânâblues, je nâaimais pas Otis Redding par exemple, maintenant jâadore ça, câest la même chose. A lâépoque, la bêtise était dâidentifier cette musique aux minets en Shetland et aux boîtes dans lesquels on chantait. Bon, jâétais comme ça aussi. Jâallais jerker aussi à une époque. Mais il y avait une espèce de connerie. Câest vrai aussi que tout ce qui était orchestral était moins possible pour nous, dans la mesure où on trimballait une petite sono, on nâavait pas un gros matos, alors on défendait notre chapelle. Maintenant jâai beaucoup évolué là -dessus mais pas sur le fond. Sur le fond, je crois avoir retrouvé une espèce dâessence du débutant. AmarokProg : Et en 1979 câest le premier album. Bill Deraime : Ca sâest fait avec Jean-Jacques Milteau. Il avait notamment joué avec Eddy Mitchell. Mais câest essentiellement un producteur. Câest un bon harmoniciste mais il encore plus manager un groupe. Câest dâailleurs ce quâil a fait après. Bref, on a fait un premier album avec la chance dâavoir des musiciens vraiment extras, qui jouaient avec Mitchell et auxquels sâest rajouté les Stars of Faith, qui était LE groupe de Gospel qui tournait le plus dans le monde à lâépoque. Sur les deux premiers albums, Jean-Jacques a été très important. Après, on sâest séparé car il avait justement une vision de carrière particulière qui ne me convenait pas. Moi jâavais une vision de groupe et lui voulait être le boss. On sâest séparé car il voulait faire une tournée avec des bluesmen américains pas très connus mais ça lui plaisait, câétait son truc. Nous, on avait des concerts qui arrivaient et si on faisait cette tournée, certains concerts avec mon groupe étaient impossibles à tenir. Alors jâai dit non, on arrête. Câétait une espèce de marasme car je nâavais pas du tout la fibre « producteur » et tout le tremblement. Bon, ça sâest pas trop mal passé quand même car le guitariste qui nous a rejoint à cette époque là avait joué avec des bluesmen de bon niveau. Câétait un guitariste de variété, je ne le disais pas, câétait le guitariste dâIl était une fois, mais il avait du goût. Lionel Gaillardin. Câétait un très bon musicien. Pendant quelques années jâai convolé avec ce groupe là , câest à cette époque là quâon a fait « Babylone » qui nâétait pas vraiment un reggae mais bon⦠câétait le début. Le guitariste était fan de Police alors on a fait un rock reggae. Ensuite on a fait des Olympia, des Bataclan... AmarokProg : Ton premier tube était « Faut que je me tire ailleurs » Bill Deraime : Câétait sur le deuxième album oui. AmarokProg : Il paraît que tu nâaimais pas trop ce titre ? Bill Deraime : Euh⦠après oui, jâavais un peu honte. Jâaimais bien lâidée de la chanson, mais il y avait 4 couplets, pas très bien écrits, rigolos mais bon⦠jâai refait une version il y a 4 ou 6 ans, plus acoustique. Maintenant, elle plait bien. Elle a été chanté par Nolwenn et par Shyâm aux Enfoirés. Tu sais que Shyâm mâadore ? AmarokProg : Ah⦠Bill Deraime : Je nâaime plus trop ce quâelle fait maintenant. La première fois que je lâai vu, jâai trouvé ça très bien, elle avait quelque chose, maintenant elle a été pris complètement en main, musicalement câest dramatiquement variété, elle a⦠comment dire⦠ce nâest pas bon quoi ! Si elle chantait sur des rythmiques comme elle faisait à ses débuts⦠la première fois que je lâai vu, jâai trouvé ça vraiment bien. Jâaime la façon de chanter des noirs, quâils viennent de la tradition Neville Brothers ou Stevie Wonder, cette façon de chanter en modulant, jâaime bien, mais si tu veux, faut que ce soit de la vraie musique derrière. Beyoncé est fabuleuse comme chanteuse, ou Alicia Keys. Lâautre jour je suis tombé sur une émission où elle chantait toute seule, au piano, avec juste un groupe vocal derrière. Câétait super. Et une autre fois, je lâentends avec la même chanson en version pop. Câétait nul. Elle commence à taper sur des tambours, alors évidemment ce nâest pas son instrument, puis elle chante faux, forcément. Bref, câétait raté. Et juste pour faire bien, elle devait mettre un chapeau de Far West ? Nâimporte quoi ! Tous ces trucs qui font que la musique en souffre. Bon, le look câest important aussi. Ok. Câest lâhabit qui fait le moine, je ne dis pas le contraire. Les looks de Dylan et tout ça, jâaimais bien. Jâaime bien le look de Keith Richards et des gens comme ça. Mais on est plus dans la mode, la variété, câest rebelle, avec un truc derrière. Câest la rue. Il y a un message.
« Johnny mâavait invité à diner avec toute sa bande, un truc parisien, un truc typique, et il mâavait placé en face de Nathalie Baye. »
AmarokProg : Ton troisième album câest « Quâest-ce que tu vas faire », avec la chanson « Laisse moi une chance » écrite pour Johnny. Comment sâest faite cette rencontre. Bill Deraime : Ca sâest fait, écoute... jâavais le vent en poupe et comme tu le sais, Johnny sâintéresse aux gens qui ont le vent en poupe, hein. Je cartonnais un peu avec « Faut que jâme tire ailleurs » et il avait dû voir ça à la télé ou lâentendre à la radio. Donc, il mâa contacté par les attachés de presse mais moi, je ne voulais pas. Enfin, je ne lâai jamais dit comme ça. Il appelait à la maison et je ne répondais pas. Je rentrais de concert à trois heures du matin et jâentendais Johnny sur mon répondeur : « Bill, faut vraiment quâon fasse quelque chose ensemble ». Il y a eu trois, quatre, cinq, six appels comme ça et mon attaché de presse mâa alors engueulé : « Câest Johnny, tu peux pas refuser ça ! Câest bon pour toi ! ». Alors, bon, jâai cédé. Et en fait, jâai beaucoup aimé ce mec là . Sur le plan humain, câest un brave type. Il nâest pas si bête quâil en a lâair. Il a été vraiment adorable. Mais bon, en réalité, il voulait que je lui écrive un album entier ! Comme je nâétais toujours pas très chaud, il mâa invité à diner avec toute sa bande, un truc parisien, un truc typique, et il mâa mis en face de Nathalie Baye ! Et à un moment, elle me dit « Johnny mâa mis en face de toi pour que je te demande de lui écrire un album » alors jâai répondu « oui » poliment. Quoi faire dâautre ? Mais après, jâai réfléchis et je me suis dit « câest pas possible, câest pas mon truc dâécrire pour les autres, moi mon truc câest le blues, câest décrire ce que je vis ! ». Mais comme je ne voulais pas passer pour un goujat, jâai écrit une chanson, ce nâétait pas « Laisse moi une chance » mais autre chose, un truc que je ne sentais absolument pas et je crois que ça lâa pas franchement intéressé. Jâavais fait ça sur une cassette avec guitare-voix seulement. Je mâétais inspiré dâune chanson que jâécoutais quand jâétais môme et qui disait en gros « je tâaime encore plus quand tâes pas là ». Jâai raconté une histoire dans laquelle il faisait des concerts pendant que sa femme lâattendait. Je nâavais pas vraiment travaillé comme je pouvais travailler sur mes propres chansons. Jâai fait ça pour être poli, tu vois. Bon, après ça, comme il était plus question que jâécrive un album en entier, il a décidé de faire quelque chose avec plusieurs artistes et il a demandé à dâautres chanteurs qui marchaient bien de compléter lâalbum, dont Lavilliers. Et il avait chanté « Laisse Moi une Chance ». Il mâa même invité à la télévision, chez Drucker. Et là , câest le drame. Dès le début de lâémission, le voilà qui annonce « jâai invité Bill Deraime, câest mon pote », ça câest plutôt sympa, mais il mâa fait jouer un titre avec le groupe, une catastrophe, parce que tous les titres étaient en play-back et moi jâai voulu faire un truc en direct et bon, je nâai pas spécialement brillé. En plus, ma femme était allée demander à Johnny de me remettre un disque dâor. Il est sympa Johnny, il accepte et le voilà qui arrive sur le plateau avec ce fameux disque dâor sans avoir prévenu ni Drucker, ni la production. Je me suis fait incendier. Du coup, jâai refait Drucker une fois, vachement plus tard, sept ou hit ans après je crois, pour « Assis sur le bord de la route », parce que câétait un titre qui marchait. Drucker ne mâavait pas à la bonne après cette histoire. Mais bon, je dis ça parce que Drucker a eu le même genre de problème avec Lavilliers. Ils sâétaient engueulés et puis ça sâest arrangé. Il lui a même fait un dimanche après-midi il y a quelques années.
« Pendant un an, jâai vécu un mois dans un monastère, une semaine ailleurs... »
AmarokProg : Tout se complique ensuite⦠Bill Deraime : En fait, à partir de « Fauteuil piégé », le cinquième album, les ventes ont commencé à sérieusement. Tout a commencé après un Olympia qui avait été vraiment compliqué. Câest vrai aussi quâon a fait plein dâerreurs. « Entre Deux Eaux » était sorti un an après « Babylone » et on avait fait 15 jours à Bobino, une salle de 1000 places quand même. Complet. On mâa alors fait faire un album pour lâOlympia, une salle avec le double de capacité pour deux semaines également. Le tout avec un disque vite fait qui nâavait pas du tout été promotionné parce que lâattaché de presse sâétait barré pour désaccords avec la production. Câétait trop vite. Il a eu raison. A la première, il y avait 500 personnes ! Une demie salle en bas. Il y avait Johnny dans la petite loge mais bon, câétait terrible quand même. Quand tu viens dâun truc qui marche à fond avec toutes les salles de province remplies et que tu te retrouves devant un Olympia à moitié vide... câest dâailleurs ce soir là que Johnny mâa proposé de lui faire un album, tu vois ? Lui, il sâen foutait quâil nây ait pas grand monde dans la salle. Il avait envie. Câétait pour la musique quâil voulait faire ça, sinon je ne pense pas quâil serait venu. Heureusement, ça sâest pas trop mal terminé. Sur la fin, câétait presque plein et la dernière semaine sâest plutôt bien passée mais si tu veux, dès les premiers soirs jâai picolé pour mâen remettre et à la fin, je me suis retrouvé devant un truc qui pour moi était un échec total. Et puis, le disque ne sâest pas bien vendu. Je suis descendu. 40.000 ou 50.000 milles exemplaires, mais je sentais quâil y avait un échec au bout, et tout le monde le sentait. Il nây avait pas de tube et ça aussi ça mâa touché. On avait fait trop vite. Potentiellement, il aurait fallu travailler chaque titre. A ce moment là , jâai lâché prise. Je suis descendu, complètement. Jâai passé du temps, jâai continué à écrire des trucs pendant ces périodes. Je suis maniaco-dépressif, donc tu as des périodes de dépression et dâautres où tu vas bien. Dans ces cas là , jâai continué à écrire et faire de la musique mais pas comme je le fais aujourdâhui. Je travaille tous les jours aujourdâhui. A cette époque, jâétais déprimé. Je faisais des concerts quand même mais il y a eu toute une période⦠jâai même arrêté complètement en 87. Jâai voulu stopper la musique et aller vers une orientation plus mystique. Jâai fait des retraites, je suis même devenu moine ! A partir de ce moment là et comme jâétais très malade, jâai trouvé un réconfort dans la spiritualité, la méditation, la prière, le retrait du monde, je me suis installé une petite pièce insonorisé, un petit studio juste là (il me montre). Quand on est arrivé, câétait un pianiste de jazz qui habitait là et il avait une pièce insonorisée où il enregistrait avec un piano, batterie, basse, et une autre pièce était dédiée à lâenregistrement. Jâai donc une pièce où je me suis beaucoup enfermé à méditer. Je me suis engagé dans une oblature bénédictine et me suis mis à lâécart pour méditer, prier, être dans le monde, mais être là dâune certaine façon, pour faire le lien avec le monastère. Plus tard, dans la musique, câest devenu une recherche au fond de moi-même de quelque chose de positif pour le redonner par la musique. Et au fond, câest ça un moine, câest quelquâun qui cherche au fond de lui-même quelque chose pour que le monde sâépanouisse et aille mieux. Et donc, ça se fait par la prière mais les moines le font en étant en dehors du monde. Certains moines en sortent, les dominicains par exemple, pour prêcher, ou dâautres encore pour des Åuvre caritatives avec des bonnes sÅurs, partout dans le monde, au service des plus pauvres. Pendant un an, jâai vécu un mois dans un monastère, une semaine ailleurs, jâai fait des retraites dans des endroits à lâécart. Je suis toujours maniaco-dépressif, une tendance profonde, mais je crois que tous les artistes le sont un peu. Et bon, jâai eu de nouveau des histoires du showbiz. Tout sâest pas mal passé jusquâen 1994. AmarokProg : Câest au moment de « Tout Recommençait » ? Bill Deraime : Oui. Après cet album, East West mâa foutu à la porte, alors quâils avaient mis une fortune⦠on avait fait un clip qui avait coûté 70 ou 80 bâtons de lâépoque. Jâai signé avec un Directeur Artistique qui sâest fait virer au bout dâun an. Câétait le sommet du marasme ! Jâavais de lâargent à ce moment là . Avant je me plaignais tout le temps de faire des albums rapides et là jâavais beaucoup dâargent mais dépensé nâimporte comment, comme le showbiz sait si bien le faire. Au lieu de promotionner une tournée avec pas mal de concerts, on a fait un clip avec un champion du monde de cyclisme, qui tournait autour dâune piste, câétait sur la chanson « sur la route, encore »⦠jâavais changé le titre car en même temps sortait un album de De Palmas intitulé comme ça. Et bon, câest un titre que jâaime bien, niveau production il était bien, mais on a fait un clip là -dessus et tout à été fait nâimporte comment ! On aurait mieux fait de ne pas faire de clip ou beaucoup moins cher, là câétait avec une star du clip, on mâavait habillé avec une chemise comme celle de Jean-Jacques Goldman. Jâai accepté... jâavais une chemise porte bonheur, que jâavais acheté en Louisiane, vraiment classe dans le style de ce que je joue, là ils mâont fait mettre une chemise vraiment à la mode et tout ça. Ridicule. Mais ça a coûté une fortune ! La location du stade, plus les figurants.... il y avait mon harmoniciste avec un chapeau feutre crème et une nana qui faisait de la gym⦠et là , au bout dâun an, on a fait des concerts et ils mâont viré. Là câétait atroce. Je suis retombé au fond. Heureusement, jâai rencontré trois jeunes qui mâont fait faire un album qui sâappelle « Avant la paix », pratiquement reggae, et voilà à lâépoque le meilleur album que jâai pu faire ! Jâen étais vachement content. On a fait pas mal de concerts avec. Mais quand le disque est sorti, la petite boîte sâest mise en faillite. Ils nâavaient pas dâargent mais avaient vu grand quand même. Ils pensaient quâils allaient distribuer tout de suite 30000 exemplaires comme ça et quâils allaient récupérer la mise tout de suite. Et en fait, il y a eu une mise en place très en dessous de ce quâils espéraient et ils se sont mis en cessation de paiement. Au bout de six semaines, tu vois ? Là , jâavais la pêche, jâétais remonté, lâalbum me plaisait, câétait du reggae en plus, que jâaimais autant que le blues depuis des années, on avait de super critiques mais voilà . Loupé. Et on a ramé pendant six mois sans rien faire. AmarokProg : Tu as même dû racheter les morceaux Bill Deraime : Oui. Il y a eu un procès et tout ça. Six mois pendant lesquels je nâai rien fait. Où jâétais en dépression. Enfin, on a finit par gagner le procès. On a racheté la bande très peu cher alors quâelle avait coûté 30.000 ou 40.000 euros à lâépoque. Et on a ressorti lâalbum chez un autre indépendant. Mais ressortir un album qui a déjà plongé, câest très difficile. Ces gens étaient très enthousiastes. Chez Sony mais relativement indépendants malgré tout. Et quand le disque est ressorti il avait déjà un an. Au même moment, Yannick Noah sortait lui aussi son album reggae. Quand le directeur artistique est parti à la convention Sony, il était super heureux. Câétait un fan de blues roots et il était vraiment enthousiaste de faire un artiste comme moi car leurs artistes habituels câétaient « Notre Dame de Paris » ou des trucs comme ça. Il est revenu de la convention avec une tronche comme ça. Jâai compris après comment ça sâétait passé. Dans le métro, il y avait les grandes affiches de Noah à lâOlympia, pour son nouvel album et tout le toutim et moi jâai fait une FNAC⦠câest vrai quâils se sont un peu occupés de moi quand même, mais voilà . Bon, ça a été très positif quand même car câétait un album dont jâétais fier musicalement. Ca aurait été « Fauteuil Piégé » par exemple, jâen serai encore malade. Mais là , câétait puissant. AmarokProg : Avec le début de Mystic Zebra. Bill Deraime : Oui ! Et avec le même groupe, on retrouvé un autre petit indépendant. Ils ne se sont pas trop occupés de nous cela dit mais ça nous a fait vivre. On a vendu des albums mais les ventes de disques commençaient à plonger. Pas que pour nous.
« Câétait formidable de travailler avec un grand claviériste comme Jean Roussel »
AmarokProg : Et puis il y a eu le Live au New Morning. Bill Deraime : A cette époque ça marchait bien. Jâavais beaucoup de bons articles. Jâavais des télés, tout ça. AmarokProg : Tu as fait la une de Crossroads. Bill Deraime : Ouais, câétait bien. Mais au niveau des concerts, câétait autre chose. A un moment, on a fait lâOlympia mais le producteur nâavait pas de dates après. Tu imagines ? Aujourdâhui il faut des dates en province ! Et toute la promo est tombée comme ça. Dâun coup. Quand jâai fait cette date en sachant ce qui se passait, jâétais très mal, et il nây avait que 1300 personnes. Jâai pris ça comme un nouvel échec parce que six mois avant jâavais fait 3 jours dans un New Morning archi bourré ! Câétait mieux que lâOlympia parce que lâOlympia câétait nul. Moi je ne voulais pas le faire. Je savais quâil y avait un potentiel mais pas 2000 personnes... je voulais faire lâÃlysée Montmartre mais voilà ⦠AmarokProg : Ou le Casino de Paris ? Bill Deraime : Oui. Et ensuite des dates. Des dates ! Parce que lâOlympia coûte une fortune. Et pourquoi pas trois autres New Morning. Ca aurait été positif. Après on aurait fait des dates. Là , lâOlympia coûtait très cher mais jâai lâimpression quâil y a eu un problème entre notre producteur et la maison de disques, car elle est tombée en faillite juste après. Donc pas de concerts. Jâai vu lâéchec arriver gros comme une maison et voilà quoi. Jâai rien fait pendant pas mal de temps et ensuite il y a eu « Revisité » et « Bouge Encore ». On a fait ça, tout petit, tout petit, avec le groupe. Ce sont les mêmes albums dâailleurs mais « Revisité » était sorti hors circuit. On avait fait la Cigale et on avait sorti lâalbum comme ça, pour le vendre lors des concerts. Il y a eu quelques concerts où on a vendu quelques albums, ça sâest plutôt bien passé mais de façon très artisanale. Au bout dâun moment ça sâest essoufflé⦠et puis je me suis fâché avec le tourneur. Câétait quelquâun qui se contentait de prendre ce quâil y avait et qui ne cherchait pas activement. Là maintenant, mon tourneur cherche activement. Et donc, sur « Bouge Encore » on a refait une vingtaine de titres. Avec une tendance acoustique. Après on a fait « Brailleur de Fond », avec le label Dixie Frog, sans grosse promo, mais intelligemment. A partir de ce moment là , jâai travaillé hors du système. Dixie Frog câest vraiment un indépendant pur et dur. Mais avec qui je mâentends très bien. Ils ont accepté lâhistoire. Ok, câest encore très difficile. On ne fait pas suffisamment de concerts pour en vivre, mais avec « Après Demain », ça va revenir. « Braille Encore » a monté le niveau dâun cran, musicalement notamment. A sa sortie, câétait même ce que jâavais fait de mieux. Câest vraiment un album qui vaut la peine et ça continue à se vendre. Câest pas un truc passager. AmarokProg : Sur ce nouvel album, il y a quelques invités comme Jean Roussel, Stéphane Sanseverino et Fred Chapelier. Bill Deraime : Câétait formidable de travailler avec un grand claviériste comme Jean Roussel⦠un très grand. Jâen ai eu deux ou trois très bon mais là câétait quand même le haut du panier. Et il avait travaillé avec Fred Chapelier il y a quelques années. Comme jâavais une chanson de Nougaro et une de Dutronc sous le coude, je me suis dit va pour la chanson de Dutronc ! En plus câétait la plus facile. AmarokProg : Quelle était la chanson de Nougaro ? Bill Deraime : « Assez ». Très dure. Très dure. Et puis bon, la chanson de Dutronc cadre bien avec lâensemble. Elle est à la fois contestataire et avec de lâhumour. Donc, comme Fred était guitariste de Dutronc, je lâai appelé et je lui ai demandé sâil ne voulait pas arranger la chose. Et voilà ! Pour Sanseverino câest pareil. Il est venu jouer sur un concert en province. Je lâai trouvé super. Je me suis intéressé à lui, jâai écouté ses disques, il a beaucoup de talent. Jâaime bien les mecs déjantés et en dehors du système aussi. On a des points communs et ça mâa vraiment fait plaisir. Et jâadore sa version du « Train ». Mais impossible de la faire sur scène, hélas, parce que câest un jazzman qui a mis des modulations que je ne sais pas faire (rires). Quand jâécris une chanson je fais des choses que je sais faire, évidemment, mais là il mâa rajouté un truc qui me prendrait un mois à apprendre ! Bon, jâexagère mais il fait chanter vraiment très vite. Jâadore, je trouve que ça va vachement bien avec la chanson, câest son genre de débit à lui, et cette version je la trouve formidable mais sur scène, même si je la fais au même tempo, je prends une rythmique plus blues-funky. Câest dâailleurs comme ça que je lui ai présenté la chose quand je lui ai demandé. Quelque chose de « funkisant ». Mais lui lâa joué à sa façon, tu vois ?
« Jâadore la guitare »
AmarokProg : Est-ce que tu brailles plus quâavant ? Bill Deraime : Ben ouais ! « Il Braille » est une chanson qui résume tout lâalbum si tu veux. Le premier couplet câest une chanson sur lâenfance, sur le cri de lâhomme quand il nait. Quand il est petit câest la seule façon de sâexprimer. Et au fond, câest ça la spiritualité. On est tout petit. Et on devient homme en criant. En criant au secours. Câest très poétique et très mystique. Le deuxième couplet câest aussi sur lâenfant, lâhomme de la rue. Je fais partie dâune petite association qui sâappelle « Les Morts de la Rue » qui est très proche des SDF qui vivent et meurent dans la rue. Dans ce cadre là , jâai vu un film dâun cinéaste qui a passé un an et demi avec un groupe de SDF et qui a filmé leur descente. La majorité des personnages du film étaient morts quand on lâa vu. Il a vécu au ras du sol avec eux. La dernière image de ce film, tu vois deux ou trois gars comme ça, très abimés qui disent on a soif mais soif dâamour. Tu vois ? Jâen ai chialé. Câest ça le deuxième couplet. Tout ça, à Paris. Je ne parle pas de Paris Plage ou de tout ce que Paris a de plus riche, de plus lumineux. Les gens qui meurent à Paris ils sont là . Dâune certaine façon, câest ce quâon dit dans le collectif : « honorer les morts en interpelant la société câest agir pour les gisants ». Et le troisième couplet, câest la mort du type, qui arrive au bout de la vie. Qui est seul, mais pas vraiment. La sérénité est dans celle qui lui tient la main et le voit chanter de lâautre côté, le voit gueuler « Alléluïa » sur les bords du Mississippi. Cette chanson là sera peut-être ma dernière chanson⦠ça aurait beaucoup de sens. AmarokProg : Il y en aura dâautres quand même ? Bill Deraime : Ben pas forcément. Tu sais, je prends beaucoup dâintérêt à refaire mes vieilles chansons et jâen ai encore un paquet à reprendre. Même celles de « Bouge Encore ». Des versions plus électriques avec des riffs et tout. AmarokProg : Avec Paul Personne ? Bill Deraime : Et bien figure-toi quâil devait venir sur le disque. Mais câest très difficile pour pleins de raisons. AmarokProg : Dans ce genre de « guitar hero », est-ce que tu aimes bien Stevie Ray Vaugahan ou Gary Moore⦠Bill Deraime : Pas Gary Moore, non. Dâune part parce que ce nâétait pas un grand chanteur. Dans la voix, il nây a aucun feeling qui passe. A la guitare câest le feeling du « jâécrase tout et jâen mets plein la vue ». Pour moi le « guitar hero » de blues câest Clapton. Avant il y a évidemment les vrais bluesmen comme BB King bien sûr. Mais le type même du « guitar hero » bluesman câest Clapton. La guitare pour la démonstration nâa pas dâintérêt. Mais jâai beaucoup dâadmiration pour certains guitaristes dans un certain contexte comme par exemple Metallica ou Iron Maiden. Jâaime bien ce quâils racontent. Jâaime bien leur mystique. ACDC un peu moins par contre. Mais bon, globalement, le très fort et très démonstratif je nâaccroche pas. Ce que jâaime ce sont les trois ou quatre notes qui déchirent. La note qui dure. AmarokProg : Miles Davis disait justement que lâimportant nâétait pas de jouer beaucoup de notes mais de jouer les bonnes. Bill Deraime : Câest ça ! De même que dans le violon tu as le trémolo qui fait pleurer et à côté un Paganini qui allait à toute vitesse. Il y a quelque chose de mystique là dedans aussi. Quelque chose du derviche tourneur. Mais entre ces deux axes, il y a la virtuosité juste virtuose, qui ne donne que la virtuosité, qui tâen fiche plein la vue, le « câest moi qui joue ». Câest comme le violon sans âme de Rimbaud. Tu sais que lââme est la partie du violon qui fait raisonner les notes ? Ca ne veut pas dire que le type qui joue est un spirituel. On peut être spirituel sans le savoir. Il suffit dâêtre bon et dâavoir de la générosité. Paul a une certaine générosité qui fait que son jeu est positif. Jâaime la guitare. Jâaime Mauro Serri mon guitariste. Câest celui que je préfère de tous. Sauf quand il y faisait trop dans la « disto », quand il jouait trop gras. Mais il a passé le cap. On a eu quelques mots justement parce que je ne me sentais pas bien sur scène. Il jouait trop fort. Jâaime Stevie Ray Vaughan, Roy Buchanan et même Santana bien que ce soit moins ça dernièrement. Dans un contexte blues, Santana câest autre chose. Jâaime le son original, comme B.B. King. Alors oui, jâaimerai faire des chorus moi-même. Ca fait des années que je mâentraîne mais je nâai pas encore osé. Là , je mây remets un peu. Jâaimerai bien en faire un ou deux pour les prochains concerts. Mais bon, si je nâavais pas Mauro avec moi, jâaurai fait du chorus depuis longtemps. Jâadore ça. Jâadore la guitare ! Propos recueillis par Cyrille Delanlssays en mars 2013 Un grand merci à Florentine Deraime et à Bill pour leur gentillesse, leur disponibilité et leur générosité.
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