La dernière fois que nous avions eu des nouvelles de Jewel, elle venait de se transformer en ersatz de diva pop dans ce qu'il conviendra d'appeler pudiquement l'incident "0304" pourtant successful aux states. Erreur de jeunesse. De retour dans son genre de prédilection, un folk rock sensible couvrant un large spectre de songwriting, la demoiselle en profite pour nous offrir avec "Goodbye Alice in Wonderland" son album le plus autobiographique depuis un bail.
Focus narcissique. L'occasion de revenir sur sa propre histoire, faites de réussites et de crises, comme tout un chacun, façon montagnes Russes. Espoirs. Désillusions. Pauvre petite chose. Ce journal intime n'en reste pas moins une réussite complète : la cohérence du propos, certes nombriliste (mais est-ce bien condamnable ?) lui permet de déployer ses compositions variées, reliées entre elles par leur commune sincérité.
"The Pope [...] rock and roll [...] Valium [...] Miss Cleo can't fix my broken heart..."
Ici, le producteur Rob Cavallo (Michelle Branch, Goo Goo Dolls, Green Day) apporte sa dose de stéroïds (superbes "Satellite" écrite à 18 ans et "Only One Too"), une nouvelle vitalité, éclatante, irrésistible. Ce florilège de chansons fines peut alors convoquer la ballade ("Goodbye Alice...", "Long Slow Slide"), mélancolique ("Last Dance Rodeo", "Inertia of Loneliness"), un petit côté Dylan ("Stephenville, TX") ou son penchant pop rock tirant vers les horizons Sheryl Crow avec ce petit truc en plus qui nous renvoie sans mal dans les cordes ("Again and Again" "Only One Too", "Words Get in the Way").
Toujours aussi bavarde mais incroyablement inspirée, la construction des chansons a aussi gagné en ampleur, en bricolages remarquables comme si elle venait de franchir un nouveau cap. Une maturité musicale qui ouvre une nouvelle page, boostée par un chant toujours exceptionnel, sur le fil, entre la cassure et l'angélisme ("Where You Are"). Quelque chose d'indéfinissable qui en fait sans conteste une artiste accomplie (actrice, poète, productrice). Surtout, l'une des auteur-compositeur-interprète les plus attachantes et talentueuses du moment comme ne témoigne le splendide "Drive to You".
Finalement, dans un ultime aveux, Jewel souffle ne pas être brisée, juste elle-même. Tant mieux pour elle. Tant mieux pour nous. A ce moment là de ce billet on pourra même ajouter que la demoiselle porte son nom avec aplomb mais est-ce encore bien nécessaire ?
1. Again And Again
2. Long Slow Slide
3. Goodbye Alice In Wonderland
4. Good Day
5. Satellite
6. Only One Too
7. Words Get In The Way
8. Drive To You
9. Last Dance Rodeo
10. Fragile Heart
11. Stephenville, Tx
12. Where You Are
13. 1000 Miles Away
AmarokProg - Rock, Folk, Rock Alternatif, Metal, Prog Rock, Hard Rock, Blues, Bluegrass, Jazz, Celtique... le webzine musical avec albums, groupes, discographies, critiques, videos et extraits...