Armé dune Fender vintage, David Poche donne dans le full power. Guitariste singulier, puisquil ne joue que totalement dénudé, son style surprenant hydrolyse littéralement le premier album de son projet PROOF OF CONCEPT, groupe multi-instrumentistes, multi-instrumental et multi-nationalités. Bercé par un rock progressif poilu des jambes et des mains, inspiré de quelques grands noms du métal satanico-romantique (COLOMBE OF DEATH, LIBERTINE CADAVER, BEAUTY OF GUTS, BANGA Y OASIS, TRIPOUX), le band offre une expérience unique zieutant notamment sur un black vegetarian metal à la fois alternatif et complètement « badass ».
Autour dun concept surpuissant, les ritournelles présentées sur Eat the Mockingbird sadressent dabords aux amateurs de mélopées déstructurées, groove, paradoxales, surnaturelles et saute-au-paf, articulées autour dune sombre odyssée danthropophagie allégorique. Le pitch : Klaus Troffobe, nain de cirque et homme canon complexé par son addiction à la moisissure, ne supporte plus les chicaneries de son épouse, femme canon pour dautres raisons, siffleuse professionnelle et persiffleuse notoire. Surnommée la « mockingbird », celle-ci poussera Klaus dans la consommation illicite de crakers à la benzedrine. Une déscente aux enfers de la folie furieuse qui le conduira à dévorer sa compagne avec Luther, le monsieur Loyal, avant de se lancer avec succès dans le métier du trading new technology. Métaphore quand tu nous tiens...
Dans le rôle de « Mockingbird », Alyson Leyklosh assure avec une sophistication toute personnelle (du vrai sang aurait été utilisé lors de lenregistrement pour rendre sa performance plus crédible) et son partenaire, lami belge Denis de Pool, toujours emporté par sa verve inimitable, termine sans complexe de starifier la chose. Ambiance !
Etoffes cloutées, arc-en-ciel repeint de suie, ce double album chargé au gros sel est un véritable torrent musical. Deux heures dappétit sexuel qui atteint souvent des sommets de magma wagnérien. Au-delà de lécriture qui appelle autant le single successful (« Tractopelle à lenvers ») que lobscurité enflammée dune technique ruisselante dinventivité (« Dans quel monde vuitton ? »), les musiciens déploient des trésors de subtilité. On pourrait tour à tour évoquer la basse de Topper Harley (ex LONGUE AGONIE), le triangle de Jessica Trizet (ex ESCARRE), les claviers élégiaques de Kurt Meybönn ou la batterie percussive de Émile Piedeplon (TEFAL, VENTRICULE GAUCHE) assez épatante avec un solo de plus de onze minutes sur le bruité « Ingestion-Digestion ».
Aisance et maturité sont au rendez-vous, avec cette indéfinissable finesse caractérisant des textes forts (« Chantons sous la truie », « Le con de la rivière Kwaï ») et émouvants (« Le vieil homme et sa mère », « Prélude à la préfrontale »). Évidemment, le gros morceau intitulé « Lobotomys Suite » (plus dune heure) leur offre un terrain de jeu assez grand pour exprimer pleinement cet art du contrepoint caractéristique. Des coups de canons signés Thor Epavum Hasseur sur « Psychose Glucose » à la tronçonneuse de Vladimir Guez (« HP Blues ») et bien entendu la guitare saturax de David Poche qui survole cette uvre brillante (« Touchez ma psyché »), baroque (« Prozac Benchmark ») mais jamais mièvre. La version deluxe permettra de découvrir la fine équipe au travail, le tout dans un packaging en croute de porc du meilleur effet. Un magnifique conte de fée qui saura sans nul doute trouver son public comme il a su vampiriser Dove Attia, le producteur du spectacle Mozart. Avec la complicité de Kamel Ouali, la version scénique de Eat the Mockingbird ! devrait voir le jour en 2012 pour célébrer la fin du monde. Une version scénique non censurée, à la fois tendre et cruelle, dun sadisme décontracté et exempt de tout mauvais goût. Quelque chose quon nous promet magique et suintant. Entre feu de camp et marche funèbre. Brutal et fragmenté. De quoi rendre justice à ce chef duvre à la poésie salivaire.
Lamour est un plat qui se mange chaud (502)
Tractopelle à lenvers (411)
Chantons sous la truie (442)
Le con de la rivière Kwaï (812)
Another brick of lait (711)
Le vieil homme et sa mère (555)
Orges de la barbarie (247)
Dans quel monde vuitton ? (844)
Steppe by step (508)
Ingestion-Digestion (1821)
CD 2 : Lobotomys suite (69)
Prélude à la préfrontale (124)
Synapse Collapse part 1 (712)
Psychose glucose (1321)
Confortably Dumb (614)
HP Blues (651)
Touchez ma psyché (922)
Prozac Benchmark (1714)
Synapse Collapse part 2 (654)
Outro (102)
Line-up de Eat The Mockingbird!
David Poche / Guitare
Alyson Leyklosh / Voix, hurlements, sifflements
Denis de Pool / Voix
Jessica Trizet / triangle, pansements
Kurt Meybönn / orgue bontempi
Émile Piedeplon / batterie
Maud Tête / verre pillé
Thor Epavum Hasseur / voix, guitare, canon
Vladimir Guez / dobro, tronçonneuse
Topper Harley / basse, saxophone, violon, crécelle
Guests :
André Verchuren / accordéon
Christophe Maé / chant, guitare
Armande Altaï / voix, couteau à viande
Charlie Oleg / orgues barbares
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