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Red by King Crimson
Année album : 1974 Type : cd Studio Nb disque : 1 Durée totale - 39:50 Label :
- Moyenne album : 8.92 - Classement album : 951 - Consultations album : 59628
Critique de Red
17/03/2003
Red aura traversé lâhistoire du rock progressif (et du rock tout court) sans sâarrêter, tête baissée, explosant le concept dâune formation source dâun genre alors à son apogée. Un titre court. Sec. Coloré. Trois lettres qui signaient lâaboutissement dâune collaboration fugace mais fructueuse entre Robert Fripp, Bill Bruford, John Wetton et un David Cross qui claquera la porte dans la foulée, laissant le groupe dans une géométrie triangulaire annonçant sa dislocation à venir. Historique, Red marque au fer rouge ses structures alambiquées, son interprétation pleine dâaudace (lâutilisation dâune cymbale ZilCo, cassée sur âOne More Red Nightmareâ), fruits dâimprovisations géniales, la folie dâun son unique, soigné à lâextrème, au point que le groupe abusera des overdubs comme jamais. Au long de ces (presque) 40 minutes incandescentes, King Crimson explore les contrées dâun rock progressif ardent, arride, arithmétique, quasi mystique⦠à la limite de lâimplosion. KABOUM ! Par son ambiance sombre et désespérée, Red symbolise ce ârougeâ écarlate de lâêtre schizoïde, ce ârougeâ sang sacrificiel que Robert Fripp nâallait pas tarder à répandre symboliquement en désagrégeant un projet-concept qui ne pouvait vraissemblablement aller plus loin. De lâinstrumentale improvisée en concert âProvidenceâ à lâénergie brute de âFallen Angelâ en passant par les deux diamants noirs âRedâ (mordant) et âStarlessâ (titre refusé quelques mois plus tôt sur Starless and the Bible Back et remanié pour lâoccasion), Red associe la rage à la poésie, une liberté quasi-mystique des mots aux feux dâartifice de la musique. Vériable condensé de matière sombre, ce septième album est soutenu par un sentiment dâaudace, abandonné à son écriture torturée, à ce style explorant les limites de la fusion crimsonienne. Le résultat : cramoisie, carbonisé. Robert Fripp lui-même mettra sept (longues) années à sâen remettre sous la forme dâun projet à peine déguisé, Discipline, qui marquera les arrivées dâAdrian Belew et de Tony Levin. Entre temps, Red aura déversé ses coulées de lave géniale, dévoreuse dâénergie, pour se métamorphoser en monolithe fascinant (Kurt Kobain en fera lâun de ses albums fétiches) qui bornera le hiatus inévitable dâun King Crimson fracturé. Cyrille Delanlssays
AmarokProg
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