La musique ce n’est pas compliqué. Enfin, pas trop. Après avoir balancé le réussi « Sleeping in Traffic Part One » l’an passé, les suédois de BEARDFISH reviennent nous conter fleurette pour une suite aussi logiquement attendue qu’éloigné des tendances parfois jazzy précédemment usitées. Moins cérébral et plus fusionnel, le disque avance une verve scintillante avec ce côté joliment vintage qui évite toute sophistication artificielle. L’humour en plus.
Car lorsque nos amis, sur leur génial terrain de jeu, louvoient la gaudriole, c’est pour mieux appuyer ses effets émoustillants comme sur le tordant « South of the Border » plein de wah-wah qui surfe habilement entre rock seventies, bluegrass et ragtime. Ce cocktail détonnant fonctionne également sur le groovy « Into the night » avant que ne démarre la fulgurante et imparable rythmique atomique de « The Hunter » qui donne dans la basse, la guitare et le synthé bien calorique. Et quelle voix ce Rikard Sjöblom !
Si l’on pourra trouver le carburant « Cashflow » un peu trop azimuté et l’influence CARAVAN manifeste sur « The Downward Spiral / Chimai » (ce dernier titre en référence à notre ami Piero de ProgResiste), le morceau titre est un flot d’instrumentations que l’on pourrait presque qualifier de bordéliques si elles n’étaient pas aussi stupéfiantes. Au fil de ces 35 minutes de course, les thèmes s’enchaînent avec une rare facilité, d’ambiances de fêtes, à des riffs lourds. Dans cette succession de calmes et de tempêtes, on pense à THE TANGENT, à PORCUPINE TREE, aux FLOWER KINGS, au YES de « Owner of the Lonely Heart », on titille le heavy, le disco, avant que l’histoire n’en finisse de vibrer. Quel voyage !
Sans complaisance, le groupe encadre ses morceaux d’une introduction/conclusion toutes en ambiance poétique (« As the Sun Sets », « Sunrise Again »). Malgré son petit trou d’air qui aurait peut-être mérité un léger raccourcissement aux entournures, BEARDFISH réussit quelque chose de grand sans sombrer dans d’inutiles complaintes mélancoliques. Le sourire aux lèvres, « Sleeping in Traffic, part Two » est un album pour amoureux du prog des années 70 et pour les autres aussi car voici l’un des seuls albums actuels qui vaille : rigolard et extatique.
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