Titre : Les cordes claquent, le piano libère une averse de notes.
Contrairement au sentiment véhiculé par la presse de l’époque, Poseïdon n’est pas seulement une lumineuse copie de son prédécesseur ; c’est sa suite logique ! En effet, quelques mois seulement après In the Court, l’évolution est déjà sensible ! Et l'oeuvre du King, progressive, est un "work in progress" !!!
Le travail guitaristique de Fripp est d’avantage mis en avant. Ce dernier excelle de par la manière dont il installe ce swing percutant et régale de saveurs acoustiques. Ces saveurs sont d’ailleurs prédominantes ici !
L'usage du mellotron se fait plus subtil. Il n’est déjà plus à ce stade, la pierre d’angle de la musique du King.
Cela est vérifiable sur "In the wake", où l'engin n'intervient que de manière discontinue, pour soutenir de sa couleur classisante et solennelle, les breaks inventifs et les claquement de cordes de la guitare sèche. Sur ce morceau titre, quelques notes de piano, au son réverbéré et distant, viennent donner profondeur et relief.
Bien que sa construction soit similaire à celle de "21st Century’s Schizoid man", "Pictures of a city", était déjà joué live en 69 sous le nom de "A man a city", sauf qu’ici, le morceau sert de prétexte aux digressions fripponnes, alors qu’en 69, Mac Donald se fendait d’éblouissants soli dans une veine Hard Bop.
"Cadence and Cascade", chantée par la voix suave de Haskell, et toute en légèreté, démontre que la flûte enjouée de Mel n’a pas à palir devant celle de Mac Donald, et ce n’est pas peu dire !!!
"Cat Food" révèle les talents de Tippet. Ce dernier, généreux et plein de fougue, donne l’impression de libérer, en une averse, toutes ces notes qui sont là, suspendues, saturant l’air et le coeur. Un torrent impétueux de notes qui ne demande qu’à s’écouler, et à exposer sans pudeur ses éclats scintillants ! Et les embruns vous éclaboussent au passage ! Il est certain que nul autre n’a fait sonner un piano ainsi !
Keith est d’ailleurs un membre à part entière du King de Poseïdon à Islands. En effet, durant cette période, le line-up est mouvant, le groupe est une porte ouverte ; et partout où la porte est ouverte, le pianiste fou se donne. Il s’en donne d’ailleurs à coeur joie ! Ce personnage central du rock prog à tendance jazzy est connu pour ses nombreuses accointances avec Blossom Toes, Soft Machine, et j’en passe (et des meilleurs !!!). Fripp produira d’ailleurs certains de ces disques, et il demandera à Tippet de rejoindre le groupe ; ce qu’il ne fera pas. Dommage !
"Devil's Triangle" est une interprétation libre de Mars de Gustav Holst. Comme sur "Last Skirmish", les instruments se livrent ici un véritable combat. Le mellotron de Fripp cogne et râpe, vengeur, vicieux, assoiffé de sang, tandis que la batterie de Giles s'affole ; et que le piano de Tippett se répands en d'envahissantes chinoiseries du meilleur effet. Grandiose !!!
Les trois "Peace" ponctuent agréablement l’album. Leur mélodie sereine et leurs parole invitent à la recherche de la paix dans l’intériorité et la contemplation. Amen !
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Track-list de In The Wake Of Poseidon
1. Peace - A Beginning (0:49) 2. Pictures Of A City(including 42nd At Treadmill) (8:03) 3. Cadence And Cascade (4:27) 4. In The Wake Of Poseidon (incl. Libra's Theme) (7:56) 5. Peace - A Theme (1:15) 6. Cat Food (4:54) 7. The Devil's Triangle (11:39) - a. Merday Morn - b. Hand Of Sceiron - c. Garden Of Worm 8. Peace - An End (1:53)
- Robert Fripp / guitar, mellotron, devices - Greg Lake / vocals - Michael Giles / drums - Peter Giles / bass - Keith Tippett / piano - Mel Collins / saxes, flute - Gordon Haskell / vocals on 'Cadence And Cascade' - Peter Sinfield / words
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