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Fiche d'informations
PETER GABRIEL
Pays : England Genre : Rock Progressif Symphonique Dates : 1950 URL : cliquez ici - Avis : 450 note(s) et 74 critique(s) - Moyenne albums : 8.29 - Classement : 321 - Consultations groupe : 69944
- Avis : 450 note(s) et 74 critique(s) - Moyenne albums : 8.29 - Classement : 321 - Consultations groupe : 69944
Article
16/08/2007
Peter Gabriel : 30 ans de musique (1976/2006)
Peter Gabriel n’est pas un auteur prolixe, c’est le moins que l’on puisse dire. 7 albums studio, 3 bandes originales de film, 1 album événementiel et 2 live égrainent trente années d’une carrière solo par ailleurs riche en collaborations diverses (Youssou n’Dour, Deep Forest, Afrocelt etc). Toujours à la pointe de la technologie, le créateur du label REAL WORLD a tâtonné du CD-ROM avant de se lancer dans le DVD avec de belles réussites. De quoi se lancer dans une visite complète du musée toujours actif de ce musicien à la fois moderne, visionnaire et définitivement… zen !
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>>>> 1976 - 1984 : les premiers pas <<<<
Enregistré entre 1976 et 1977 avec Bob Ezrin aux commandes (l’homme qui allait bientôt aider PINK FLOYD à bâtir son célèbre mur), Gabriel développe ici un album autobiographique où s’expose une science du verbe intacte, poésie aux mélodies renforcées par un chant toujours aussi charismatique. D’entrée, Gabriel cherche à se démarquer de ses origines même si l’on retrouve parfois quelques attirances dans l’exubérance (« Morbund the Burgermeister »). Surtout, il s’agit d’une galerie de portraits qui veut rompre avec le passé musical du bonhomme : cabaret (« Excuse Me »), jazz (« Waiting for the Big One »), disco (« Down the Dolce Vita ») ou rock (« Modern Love »). En ressort un chef d’œuvre absolu, « Solsburry Hill » (basé sur son départ de… GENESIS) et les prémices d’un style en construction, non exempt de petits problèmes d’équilibre mais aux bases déjà bien solides comme « Humdrum » et « Here Comes the Flood », titre téméraire que Gabriel considérait pourtant sur produit. Quoiqu’il en soit, et malgré une critique plutôt positive, le public apparemment déstabilisé, n’accordera qu’un succès d’estime à ce premier essai.
Peter Gabriel fait ici appel au guitariste Robert Fripp (la tête pensante de KING CRIMSON) pour cette virée dans un univers lourd, expérimental, sombre comme du charbon. Bardé de recherches synthétiques, de rythmes et de guitares vrillées, l’album souffre surtout d’un manque de cohésion qui le fait passer du captivant au négligé. Mais l’énergie du personnage fait le reste et son talent manifeste un peu plus les bases d’un style encore en gestation. Et puis, si les titres phares « D.I.Y. » et « On the Air » ne s’imposeront pas comme des hits en puissance, ce second album tendu comme un arc regarde déjà devant lui. Loin. Loin devant.
La pochette expose les faits : voici l’album de la mutation. Reprenant les arcanes de ses précédentes atmosphères oppressantes, « Intruder » fascine d’emblée et impose un l’univers sonique qui ne nous lâchera plus. Ici, le timbré « I Don’t Remember », là , le superbe « Games Without Frontier » (avec Kate Bush) s’amusent à développer un climat de parano galopante plutôt réjouissant. Les mélodies en béton armé sont habillées par une production claire et limpide signée Steve Lillywhite qui se démarque par un mélange plutôt gonflé d’atmosphères romantiques et de thèmes introspectifs. L’apport de Phil Collins qui expérimente également côté baguettes (notamment sur « Intruder ») et une interprétation sans faille permet à Gabriel de s’engouffrer dans des zones émotives contagieuses et des textes splendides de plus en plus engagés. Pour le même prix, on aura même droit à l’incontournable « Biko », témoignage poignant du meurtre de l’activiste anti-apartheid et qui deviendra l’un des fleurons de la protest-song des années 80. La métamorphose est en marche. Impressionnant.
Largement impliqué sur la production, Peter Gabriel s’oriente avec « Security » vers un aspect plus commercial (mais pas moins téméraire) de sa musique comme en témoigne le single « Shock the Monkey » qui donnera lieu, dans la foulée, à une vidéo assez ébouriffante. De même, en s’appuyant sur le très coûteux Fairlight CMI sampler (les amateurs apprécieront) et entièrement enregistré en son digital (ils n’étaient pas nombreux à l’époque) l’album en impose alors sévèrement à la concurrence. Bardé de rythmes africains et latins, le disque prend les tripes (l’exceptionnel « San Jacinto ») ou reste à la mode (« I Have the Touch ») avec une énergie jamais prise en défaut. La palette de couleurs s’élargie encore avec des titres mineurs qui peuvent sembler moins prégnants, moins évidents, mais toujours poétiques. A ce petit jeu, « The Family and the Fishing Net » et « Wallflower » s’en sortent largement avec les honneurs. La chenille est devenue papillon. Le Gab’ pouvait alors s’envoler vers d’autres cimes.
1983 - Plays Live
Dans la foulée d’un « Security » certifié or et placé itou dans le top 40, le Gab’ fait son (premier) bilan des courses avec une tournée des grands ducs qui durera jusqu’en 1983 et le placera même en première partie d’un David Bowie alors au sommet… non sans lui faire de l’ombre (un comble) ! La faute à un jeu de scène particulièrement élaboré et ce maquillage hyper-chiadé qui renvoya Ziggie dans les cordes. Musicalement, « Plays Live » est un remarquable témoignage scénique, avec son alternance millimétrée de titres pop et expérimentaux. Inutile de préciser que l’interprétation (même retravaillée en studio) est de très haute qualité, le chant touchant au but avec un égal bonheur que ce soit sur « Shock the Monkey » ou « San Jacinto » en passant par l’immense « Biko ». Parfaite entrée en matière dans l’univers si particulier de Gabriel, l’album comblera également les amateurs de live exigeant.
Pour illustrer son beau film planant (dans tous les sens du terme), le réalisateur Alan Parker (auteur d’un certain « The Wall ») va s’appuyer sur les musiques cinématiques et évocatrices de Peter Gabriel. Pour se faire, le compositeur, alors en plein travail sur ce qui deviendra le futur triomphe « So », recyclera une demi-douzaine de thèmes issus de ses quatre premiers albums studio et comblera les trous de compositions originales plus instinctives. Résultat, les claviers de « Family Snapshot » sert parfaitement le morceau « Close Up » alors que « The Rythm of the Heat » nourrit le crescendo percussif de « The Heat ». Au compteur des nouveautés, il faut noter l’ouverture « At Night », le tribal « Floating Dogs » et ce qui deviendra l’incontournable envoûtement scénique « Slow Marimbas ». Ceux qui ne jurent que par la veine pop de Peter Gabriel pourront être surpris par cet album, voire déçus, mais pour ses premiers pas dans l’exercice de style de la bande originale, notre homme s’en sort haut la main et nous emmène sans en faire trop à la découverte de son imaginaire.
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>>>> 1986 - 1996 : la consécration <<<<
Même si le succès avait parfois été au rendez-vous, Peter Gabriel n’était pas, à proprement parler, une machine à hits. Ce cinquième album, sobrement intitulé « So », allait rectifier le tir. Avec la manière. En bombardant l’auditeur de titres rutilants, production classieuse de rigueur, ce multi platiné enfoncera sans heurts la plupart des autres artistes pour qui les années 80 sonneront à rebours comme le glas d’une décennie franchement néfaste pour toute oreille qui se respecte. Si les précédents albums souffraient parfois de petites fringales, chaque morceau est ici à sa place : la rythmique envoûtante de Tony Levin sur « Red Rain », le très soul second degré de « Sledgehammer », l’artillerie lourde de « Big Time », le romantique « Here That Voice Again »... si l’on ajoute à ce bilan déjà très positif les chef d’œuvres « Mercy Street » (à couper le souffle) et « Don’t Give Up » (angélique duo avec Kate Bush basé sur les ravages du chômage) on comprendra facilement la place de choix que peut tenir ce disque dans toute discothèque digne de ce nom. Et ne parlons pas du joyeux « In Your Eyes » (avec un Youssou n’Dour alors inconnu) qui lancera le label Real World, ou du magnétique « We Do What We’re Told » en référence à l’expérience de Milgram – preuve de l’engagement sans faille de l’homme et du musicien. En trouvant ce juste milieu entre mélodies accessibles et nouvelles sonorités, « So » est devenu une référence au vieillissement accessoire tant la magie opère de la première seconde à la dernière. Pour achever le travail, Peter Gabriel arbitrera la partie d’une volée de vidéos novatrices (dont la plus connue reste « Sledgehammer » en collaboration avec les studios Aardman, futurs auteurs oscarisés de « Wallace & Gromit ») et un goût prononcé typiquement anglais pour des textes soufflant à la fois le chaud et le froid.
Seconde incursion dans l’univers de la bande originale, « Passion » illustre le superbe film de Martin Scorsese « La Dernière Tentation du Christ » (celui qui fit brûler un cinéma avec une victime de plus au compteur des fanatiques). Un choix a priori surprenant mais qui semble aujourd’hui parfaitement logique et cohérent tant Peter Gabriel œuvrait alors dans sa quête de nouvelles musiques, de nouveaux sons. Pour ces compositions, il s’est ainsi entourer d’une foultitude de musiciens venus de Turquie, du Sénégal ou d’Egypte. Cultivant son goût pour les atmosphères bien senties (spirituelles et dramatiques), Gabriel tapisse l’album de mélodies fusionnant musiques modernes et anciennes, le tout transcendé par une somptueuse instrumentalisation traditionnelle. Habité, l’œuvre est d’une rare richesse ; envoûtante, enivrante, fascinante. Et sans conteste sa collaboration à ce jour la plus aboutie avec le septième art.
Six ans après avoir atteint le sommet des charts, Peter Gabriel revient avec « Us », suite à peine déguisée de « So » et essentiellement basée sur les relations entre individus. Nettement plus engagé côté world musique, la production s’avère une nouvelle fois impeccable de clarté : les heures passées en studio révèlent le soin apporté de manière obsessionnelle sur chaque note, chaque intonation. Même si la vie sentimentale et familiale du Gab’ a joué les montagnes russes ces dernières années, ce concentré de chansons inspirées reste globalement optimiste, voire joyeux (l’hymne à la fellation de « Kiss that Frog »). Bien sûr, les singles « Steam » (sorte de « Sledgehammer » relooké funky rock efficace) et « Diggin in the Dirt » (sur sa difficulté à s’extérioriser) pulsent dans une rage assez inhabituelle mais ces accès de fièvre sont temporisés par des titres à la beauté envoûtante comme « Blood of Eden » (avec Sinead o’Connor) ou l’émouvant « Come Talk to Me » (message pour sa fille Anna avec qui il avait alors du mal à communiquer) : des messages universels délivrés ici par une kyrielle de musiciens blindés de talent (Manu Katché et Tony Levin en tête). Epaulé une nouvelle fois par des expériences vidéos déroutantes (doublement primés au Grammys), « Us » est un album moins direct que « So », plus personnel également, plus schizophrène sûrement, avec ses codes et ses mystères, et touchant parfois à la perfection comme sur l’hymne « Secret World » qu’il s’évertuera à rendre plus bouleversant encore sur scène. Chapeau l’artiste.
Si la vidéo du spectacle (car c’est un véritable spectacle de voir Peter Gabriel sur scène) fût logiquement primée, le double album sera, comme souvent, à réserver aux néophytes ou à ses fans en quête de souvenirs. Gare : si l’on pourra être déçu de la durée globale de l’enregistrement (à peine plus d’une heure vingt), certains titres gagnent en puissance par la présence de Paula Cole (sa voix tendue tient bien la route en remplacement de Sinead o’Connor) sur « Blood of Eden » et « Come Talk to Me » entre autres. Cela n’empêche pas non plus une version hypnotique de « Mercy Street » associé à « Slow Marimbas », un cinglant « Red Rain » au groove renforcé par un impressionnant Tony Levin ou l’incendiaire « Secret World » en guise d’apothéose. Malgré un choix de titres concentrés en priorité sur les deux derniers albums studio, le son massif associé à des musiciens en famille offrent un très beau témoignage de ce que Peter Gabriel sait faire de mieux en salle. Ne manque que la dimension visuelle d’une épatante mise en scène... ou mise en abîme.
>>>> 1986 - 1996 : clair obscur <<<<
Projet original s’il en est, OVO est à l’origine une commande dans le cadre d’une célébration donnée au Millennium Dome de Londres. Basé sur les problèmes raciaux et familiaux (violence et autres allégories sont également au menu), l’écoute de cet album atypique devient donc forcément réducteur. A l’aide du très beau livret (avec l’histoire contée, des notes, des croquis) accompagnant le cd, l’histoire de OVO peut dès lors s’écouter comme une sorte de bande originale réunissant pour l’occasion des talents de tous horizons : les habitués Manu Katché, David Rhodes et Tony Levin bien entendu mais aussi Elizabeth Fraser, Neneh Cherry, Richie Havens, Black Dyke Mills Band, Electra Strings, Paul Buchanan (de Blue Nile), Adzido, the Dhol Foundation drummers, et Larla Ó Lionáird du combo Afro-Celt Sound System. Cette étrange tambouille surprendra le fan : rap (« Story of Ovo »), gigue et quelques ambiances que Brian Eno ne renierait pas. Des influences folkloriques et chorales d’où s’extirpent le haletant « The Tower That Ate People » bourré d’électricité mais aussi cette pop au scalpel de « Downside-Up » et son versant bouleversant « Father Son ». Toujours aussi méticuleux, les dix minutes trippantes de « Make Tomorrow » (façon « Secret World ») clôturent de façon implacable cet album cultivé qui nous rappelle à quel point Peter Gabriel reste un magicien du son. Une expérience unique.
Alors qu’il travaille toujours sur son nouvel album, Peter Gabriel s’échappe pour s’en revenir à l’illustration musicale d’un film indépendant australien intitulé « Rabbit-Proof Fence », réalisé par Phillip Noyce. L’histoire narre le périple, dans les années 30, d’un groupe de femmes aborigènes obligées par le gouvernement de servir comme domestiques pour une famille aisée et qui souhaitent revenir chez elles. Le retour de l’Outback à leur maison suivra alors la fameuse Rabbit-Proof Fence qui fût construite pour séparer les Aborigènes des blancs. Sur cette authentique histoire (!), Peter Gabriel propose une musique puissante, évocative et émotionnelle plus proche dans l’exercice de « Birdy » que de « Passion ». Par ses reflets peu atmosphériques mais qui traduisent toujours un instinct et une véritable compréhension du folklore local, les thèmes aborigènes hantent de bout en bout cette bande originale aux grands espaces (les claviers dominent les percussions) qui s’achève sur un « Cloudless » enflammé. Devant tant de maîtrise, on admire, parce qu’on a pas le choix.
Savoir se faire attendre. Un précepte engloutis par l'ami Gabriel. Consommé. Digéré. 10 ans que l'on guettait ce nouvel album - nouvelle arlésienne à deux lettres. Entre temps, une poignées de singles / collaborations ("LoveTown" pour le film « Philadelphia », un duo avec Afrocelt Sound System), la B.O. très réussie de "Rabbit Proof Fence" et un projet millénaire ("OVO") n'étaient pas parvenus à étancher notre soif d'un retour aux sources de l'artiste, le studio. "UP" : titre fort à propos tant il convole près des cimes mélodiques. L'équilibre parfait de compositions sans compromis - recueillies et vivantes. Cette réussite porte bien haut l'étendard d'une musicalité à la fois complexe et accessible, ambitieuse mais dénuée de toute prétention, universelle sans être mondialiste. Transpercé par une vague de tristesse (le décès récent de son père), nous ployons sous les accès de rage ("Darkness"), de délicatesse ("The Drop") ou d'émotion à fleur de peau ("I Grieve"). Les années passent mais ajoutent au timbre du maître - la voix plaintive, véhémente, furieusement sensuelle et toujours merveilleusement bien entourée. Aux côtés de l'inoxydable Tony Levin - basse stick toujours bien en main - nous retrouvons une chorale de jeunes aveugles sur un liturgique "Sky Blue" mais également Nusrat Fateh Ali Khan ("Signal To Noise") et la petite nouvelle, Mélanie Gabriel - digne héritière de monsieur. Fidèle à ses habitudes, les arrangements d'une grande subtilité procure un son énorme, cadré sur la machinerie explosive ("Growing Up") et la pop conceptuelle ("Barry Williams Show"). Jamais mièvre et plutôt alambiqué, "UP" ne cède pas à la facilité. Sobre et intense - une gestation lourde et douloureuse livre sans conteste le monument de l'année. Un condensé de grande classe qui revêt la beauté d'un diamant noir.
Au rayon compilations, je ne retiendrais que deux affaires plutôt bien gaulées. D’abords « Shaking the Tree » qui a le défaut de ne sélectionner que les « tubes » mais qui propose en bonus une très belle chanson titre en duo avec Youssou n’Dour. Notons au passage que ni le second, ni le troisième album ne sont représentés ! Un reproche que l’on retrouvera quelques années plus tard sur le double « Hit ». Ici, la première galette étrenne une longue liste de tubes (« Solsburry Hill », « Shock the Monkey », « Steam », « Games Without Frontiers », « Growin Up », « Sledgehammer », Blood of Eden » et j’en passe. Une liste franchement impressionnante qui nous rappelle à quel point Peter Gabriel est un orfèvre de la mélodie. Pas de surprise si ce n’est la magnifique version piano du titre « Here Comes the Flood » (1990). Le second CD intitulé « Miss » (attention, différentes versions sont disponibles aux Etats-Unis ou en Allemagne) rassemble étrangement quelques classiques comme « Cloudless », « No Self Control », « I Have the Touch », « The Drop » ou une version de « The Tower That Hate People » sortit de la BO de Red Planet. Un choix assez étonnant qui, si elle oublie quelques perles comme « Mercy Street » ou « Come Talk to Me », n’en constitue pas moins une bonne entrée en piste dans l’aventure Gabriel.
>>>> DVD : la boîte à images <<<<
Pour cette nouvelle version de la vidéo originale enregistrée à Modena (Italie) en 1994, l’image a subit un lifting drastique digne d’un épisode de Nip Tuck. Remasterisée, elle bénéficie d’une grande clarté et d’un piqué très performant (format 16/9 et 1.85 respectés). La qualité audio n’est pas en reste puisqu’elle offre des pistes DTS et Dolby 5.1 aux petits oignons. Concernant le concert lui-même, nous retrouvons la set list présente sur le double album parallèle (voir ci avant) : en d’autres termes, une visite en règle de l’univers gabrielesque parachevé d’un « Solsburry Hill » pêchu. Entouré de sa galerie de musiciens habituels et d’une Paula Cole inspirée, le show démontre une nouvelle fois la puissance visuelle des idées du Gab encadrées par une mise en scène instinctive et le plus souvent lumineuse (« Come Talk to Me » splendide). En bonus, un documentaire sur la tournée, une galerie de photos « Quiet Steam » et une version remixée du titre rocailleux « Steam ». Waouh !
Comme sur la tournée « Secret World », Peter Gabriel décida une nouvelle fois d’immortaliser sa dernière production scénique en Italie et plus précisément à Milan. Si les titres éludent ouvertement le second (Scratch) et troisième album (Melt), les surprises ne manquent pourtant pas (l’inédit « Animal Nation » par exemple). Le fin du fin reste évidemment sur la mise en scène, véritable feu d’artifices dont il serait malséant de trop en dire ici. Mais comment passer sous silence la fameuse bulle de « Growin’ Up », le vélo de « Solsburry Hill », le duo inversé avec sa fille Mélanie sur « Downside Up » ou la splendide éclosion / naissance incantatoire d’un « Secret World » à vous exploser l’âme et le cœur. Cette performance ultra-moderne enchaîne les moments de bravoure et entretien l’admiration au top. Les chansons gagnent en relief, en puissance, bouffent les planches et englobe un public conquis par ces éclats pyrogènes. Bien sûr, le son 5.1 associé à une image absolument magique ne remplaceront jamais l’expérience vécue (la présentation des musiciens était plus festif sur place) mais le montage dynamique (split screen nombreux) et la réalisation permettent de passer deux heures et quart sans baisse de tension. Au passif, signalons malgré tout l’absence de bonus et notamment celle d’un vrai documentaire sur la création de ce spectacle en tout point unique et mémorable. Du grand. Du très grand Peter Gabriel !
Film de famille tourné par Anna Gabriel durant les préparatifs et lors de la tournée Growing Up, l’objet fait office d’un journal intime qui passionnera les accrocs du Gab’. Cette virée nous permet de voir la bande au boulot et de mieux cerner le processus créatif, comment les idées progressent, dépassent le simple stade de l’interprétation scénique. Peter Gabriel se montre détendu, rigolard, loin du cliché de la rock star inaccessible et égocentrique. Doté d’une splendide pochette de Graham Dean, ce DVD n’est pas à réserver aux aficionados de la haute technologie : dolby stereo sur format 4 :3 sont au menu. Si les premières intentions d’Anna étaient de filmer les premiers pas sur scène de sa sœur Melanie, ces 40 minutes dépassent rapidement ce simple cadre pour passer de l’autre côté du miroir. Côté bonus, un making of du tournage du clip « The Barry Williams Show » (réalisé par Sean Penn), une vidéo de « My Head Sounds Like That », des versions solo piano du papa sur « Washing Of The Water », « That Voice Again », « Solsbury Hill », « Mercy Street », « In Your Eyes » et « Father, Son ». A eux seuls, ces titres valent largement l’acquisition de ce disque atypique.
Ce DVD au packaging une nouvelle fois très réussi, n’est pas qu’une simple accumulation de vidéos qui ont fait la renommé du bonhomme : c’est un voyage à travers le temps, un décorticage en règle d’un univers graphique et fantasmatique porté sur l’obsessionnel. 23 titres au programme - ce qui en fait une collection assez complète de l’œuvre en question. Des plus connus « Digging in the Dirt » et « Steam » (tous deux récompensés d’un grammy) en passant par « The Barry Williams Show » (réalisé par Sean Penn) ou « Sledgehammer » (des studios Aardman, futurs auteurs de Wallace & Gromit), on pourra débusquer les raretés « Zaar » ou « Lovetown » (magnifique extrait de la bande originale de « Philadelphia »). Dans les affaires récentes, « Father, Son » ou « The Drop » se chargent d’une forte émotion alors qu’un grand bond en arrière nous fera redécouvrir un « Shock the Monkey » bien barré et carrément jouissif. Seul reproche, le titre « Modern Love » au son inexplicablement asynchrone ! Un bémol que vient réparer une nouvelle version jazzy de « Washing of the Water » franchement emballante et un son DTS (mixage en 5.1) qui offrent une virée éblouissante dans ce monde lézardés de multiples couleurs.
Après l'inextinguible spectacle "Growin' Up Live" (2003), suivi de près par son DVD (splendide) dont on pouvait par temps mauvais reprocher le manque de bonus, Peter Gabriel nous propose une rebelote sur le sujet. Comme il le dit lui-même "Cette nouvelle série de concerts était finalement très proche de la première tournée officielle". Si j'osais, je dirai que ce n'est pas tout à fait exact (aller, j'ose le dire). Car si la série des "Still Growin' Up" s'installa dans les grandes salles appropriées (dont Bercy), elle égraina également, chose rare, quelques festivals et scènes plus originales (les Arènes de Nîmes par exemple) où la primeur fut donnée à la musique et non à sa mise en scène. Ce double DVD a donc bien le mérite de se focaliser sur cet aspect moins visuel, éliminant au passage les redites éventuelles avec son aîné pour replonger allègrement dans les absents de marque. Attention les oreilles : la conscience cosmique s'accroît avec une version minérale de "San Jacinto" ou ces jeux de séduction sur une version authentique de "Games Without Frontiers". Evidemment, quelques pièces maîtresses aux nuances captivantes font le jeu des espiègleries d'un Peter Gabriel sans frime ("Solsburry Hill", "Red Rain", "Secret World", " Sledgehammer", "Come Talk to Me") voire piqué ("The Tower That Ate People") avant l'inspiration écorchée vive du rappel "Biko" - poing levé du public, des larmes de bonheur et de rage pour seule rançon. Le second disque nous permet de découvrir "Still Growin' Up Unwrapped", documentaire réalisé par Anna Gabriel (la fille de) et suite logique du précédent "Family Portrait". La qualité de l'image et du son (DTS et 5.1 somptueux) reste un point fort mais le véritable plus pourra se dénicher dans les bonus : un "No Self Control" filmé durant la tournée 88, tiré de la vidéo "P.O.V." produit par Martin Scorsese lui-même et qui laisse espérer de son prochain transfert en numérique. Egalement, une poignée de titres tirés de "OVO" ou "UP" viennent compléter ce florilège malin ; une sélection enjouée qui permet d'apprécier les atouts maîtres d'un répertoire définitivement captivant. En bref, c'est l'art scénique qui tue.
Cyrille Delanlssays
AmarokProg
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