Fiche d'informations
THE TANGENT Pays : Sweden Genre : Rock Progressif Symphonique Dates : 2003 URL : cliquez ici - Avis : 140 note(s) et 13 critique(s) - Moyenne albums : 8.17 - Classement : 407 - Consultations groupe : 47492
Article
25/04/2008 Type : entretien Titre : Ligne brisée La vie n’est pas un long fleuve tranquille et c’est dans le creux de la vague à l’âme que Andy Tillison a finalement trouvé de quoi inspirer le nouvel album (double) de son projet aux membres changeants THE TANGENT. En associant joignant à sa musique une nouvelle de 80 pages superbement illustrée, notre ami qui loge dans le Gers depuis quelques années maintenant transforme « Not As Good as the Book » en une œuvre multimédia, bigrement autobiographique et bourrée de références. De quoi satisfaire les curieux et donner un bel avant goût de pochette surprise à l’ensemble. Niché dans un hôtel en face de la Gare du Nord à Paris, Andy est un grand gaillard de 46 ans, décontracté dans ses jeans, avenant et bavard. La preuve ! Cliquez ici pour lire la chronique de Not as Good as the Book AmarokProg : Salut Andy, comment vas-tu ? Andy Tillison : Très bien, merci ! AmarokProg :Tu es revenu habiter en France depuis peu il me semble ? Andy Tillison : Oui, j’ai vécu en France une première fois pendant deux ans et aujourd’hui je suis installé à Auch dans le Gers. C’est un très joli coin que j’aime beaucoup. Je suis très heureux ici. J’habite avec mon amie française, Danielle. AmarokProg : 2007 fût une année difficile je crois. Andy Tillison : Oui (rires). Je suis resté 12 ans avec mon ancienne compagne, Sam Baine, qui était également la claviériste de Tangent. Quand nous sommes arrivés dans un petit village français très isolé ce fût très bien au début mais au bout d’un moment, nous avons du nous séparer. La raison venait peut-être de notre isolation et du fait que nous n’avions personne d’autre à qui parler. Je me suis alors retrouvé un peu perdu, sans maison ni ici, ni en Angleterre. Je voulais m’installer en France mais d’être un homme seul, ne parlant qu’anglais, rendait les choses difficiles. J’ai donc déménagé temporairement en Angleterre avant de revenir habiter ici. AmarokProg : Toutes ces histoires ont nourri ce nouvel album ? Andy Tillison : Oui, naturellement. Quelques fois, quand tu veux écrire un album, il n’y a pas de raisons particulières. Cette fois c’était nécessaire. Tous ces événements ont générés une foule d’émotions. AmarokProg : Que tu avais besoin d’extérioriser… Andy Tillison : Oui. Je n’ai pas eu à chercher l’inspiration. Elle est simplement venue à moi. AmarokProg : Et concernant le concept général de ce nouvel album ? Andy Tillison : Avec tout ce qui s’était passé, je n’étais pas au mieux, j’avais perdu confiance. Je me demandais qui j’étais vraiment. C’est là que j’ai réalisé que je suis un homme d’âge moyen, sans rien de spécial, et que la plupart des chansons modernes sont pour les jeunes. Or, je ne suis plus tout jeune, et j’avais besoin d’écrire quelque chose qui corresponde vraiment à ce que je ressentais. Tu sais, c’est beaucoup plus compliqué de faire une chanson d’amour sur une personne avec qui on a passé douze années de sa vie que sur un amour de jeunesse. Il y a l’argent, la maison, les enfants. Rien à voir avec une chanson qui dit juste « je t’aime », tu vois, il faut plus de profondeur. A ce moment là, il y avait beaucoup de choses dans le monde qui me frustraient. J’ai 48 ans et quelques fois, lorsque je regarde la télévision, la représentation des hommes de mon âge n’a rien à voir avec la réalité. Je fais partie d’une classe d’âge complémentaire alors que les personnes âgées et les jeunes sont intéressants pour la société de consommation actuelle. C’est difficile à accepter. J’ai donc composé le premier disque de sept chansons parfois sérieuses, parfois plus humoristiques. Il y a par exemple ce titre sur l’histoire d’un « biker ». Quand j’étais jeune, il y avait beaucoup de chansons sur ces bikers comme « Born to be Wild » ou « Bat Out of Hell ». Aujourd’hui ces gars ont plus de 45 ans et j’ai voulu écrire l’histoire de ce biker de 50 ans qui rêve encore de l’Amérique, de cette fameuse route 66 avec le soleil, la montagne, alors qu’en réalité, il est bloqué sous la pluie, dans un bouchon près de Londres. Le rêve est passé. AmarokProg : Il y a également la suite du morceau « Lost in London » présent dans le précédent album… Andy Tillison : Oui, c’est un moment assez drôle qui parle d’une histoire que j’ai vécu avec un ami. Nous avions été refusé à l’entrée d’un club de jazz, je ne sais toujours pas pourquoi, et cela nous avait un peu énervé. Nous sommes allés dans un fast-food ou quelque chose comme ça et je ne sais pour quelle raison, nous avons commencé à parler de sexe. C’était intéressant car nous avions beaucoup parlé de Pink Floyd ou de Yes mais jamais de sexe. Et soudain, un gigolo s’est approché pour nous vendre les services d’une prostituée. J’en ai donc fait une petite histoire et comme elle se déroulait à Londres, c’était une bonne occasion de faire une suite 25 ans après le premier épisode (rires). AmarokProg : Il paraît que tu finis chaque album de The Tangent avec le sentiment qu’il sera le dernier. Est-ce le cas ici ? Andy Tillison : Non ! (rires) Mais c’es difficile tu sais, car je viens juste de terminer ce travail qui m’a occupé deux ans, sans compter le livre qui va avec. Maintenant tout est terminé et j’ai bien quelques idées pour d’autres chansons mais il faut un peu de temps pour y réfléchir. Quelque chose doit servir d’inspiration. AmarokProg : Est-ce que tu envisageais un format double dès le départ ? Andy Tillison : C’est venu après. Mais l’inspiration peut venir n’importe quand, même aujourd’hui. Je ne suis pas habitué aux grands hôtels et d’être logé ici par une maison de disque est une chose très inhabituelle. A mon arrivée hier, j’ai été étonné de découvrir par ma fenêtre le Sacré-Cœur, un site magnifique, et en bas cette énorme place près de la Gare du Nord, bondée de monde, de circulation, avec la belle atmosphère parisienne. Lorsque j’ai terminé mes entretiens hier soir, je me suis endormi et deux heures plus tard, je me suis réveillé avec un mal de tête. J’ai ouvert la fenêtre et pris une cigarette mais dehors le monde avait changé. Les lumières étaient éteintes, il n’y avait presque plus de circulation et de nombreuses personnes dormaient sur les trottoirs, une trentaine, dans des sacs de couchage. C’était si différent. En six heures Paris était passé d’une jolie ville avec ses grands monuments à cette place horrible avec des gens perdus dans le froid. Il y a certainement là de quoi faire une chanson. AmarokProg : Quels doubles albums apprécies-tu particulièrement ? Andy Tillison : « Tales of Topographic Ocean » de Yes, « The Lamb Lies Down on Broadway » de Genesis, « Unfold the Future » des Flower Kings, un très bon album aussi… « Quadriphonia des Who qui était très conceptuel avec une incroyable histoire et sa magnifique pochette en noir et blanc. AmarokProg : A ce propos, tu as écouté le dernier album des FK ? Andy Tillison : Oui, oui. (rires) AmarokProg : Et tu le trouves comment ? Andy Tillison : En fait je le trouve super. Je sais que beaucoup de journalistes n’aiment pas, mais je le trouve très bon parce que Roine a quelque chose qui manque dans ce monde. C’est un optimiste et sa musique reflète cet optimisme. D’une manière générale, la musique est souvent trop légère ou trop dépressive, trop négative. La musique de Roine est comme un bijou d’optimisme pour moi et mettre un disque des FK c’est me retrouver dans un autre endroit, beaucoup plus heureux qu’avant. AmarokProg : Un peu le contraire d’un Steven Wilson ? Andy Tillison : Oui, mais j’aime beaucoup Steven Wilson aussi. C’est un producteur, un chanteur et un guitariste hors pair. Voilà deux types de musiques très différentes mais même si Steven Wilson n’aime pas trop les Flower Kings et inversement, cela ne m’empêche pas d’apprécier les deux. Tu sais j’aime aussi beaucoup le punk, j’ai même commencé dans un groupe de punk, alors tu vois… AmarokProg : Comment peut-on commencer dans un groupe de punk et finir dans le progressif ? Andy Tillison : C’est une constante de dire que le punk et le rock progressif sont des ennemis mais ces deux formes de musique ne sont pas si éloignées. AmarokProg : C’était un bon argument de vente à l’époque. Andy Tillison : Exactement. Quand j’ai quitté l’école, je voulais jouer dans un groupe. Je n’étais pas un virtuose du clavier et un groupe de punk c’était parfait. Avant ça, il était difficile de faire partie d’un groupe car il fallait une excellente formation, pouvoir jouer de la basse en 9/4, quelque chose comme ça, tu vois ? En ce sens, le punk était magnifique. Le problème c’est que les médias étaient si obsédés par le genre qu’il a duré trop longtemps et actuellement nous sommes dans la troisième résurgence du punk avec les trois même accords joués en permanence mais Green Day notamment a apporté du neuf. De toutes façons je crois que le rock progressif peut encore apporter quelque chose à la musique actuelle. AmarokProg : Quand tu écris un morceau, sais-tu à l’avance s’il sera court ou long ? Andy Tillison : Il y a toujours un sentiment qui domine, oui. Mais en règle général j’écris jusqu’à la fin et quand c’est fini, c’est fini mais ça peut donner un morceau très long. Le dernier titre de l’album s’intitule « The Full Gamut » et à l’origine il durait 45 minutes. Mais c’est parce que j’avais assemblé toutes les idées d’un coup. J’ai ensuite édité le morceau jusqu’à ce qu’il ne fasse plus qu’une vingtaine de minutes et les passages coupés ont servi à d’autres morceaux et d’autres encore serviront une prochaine fois. AmarokProg : L’originalité de ce nouvel album est qu’il est accompagné d’un livre que tu as écris. D’ailleurs l’album n’illustre pas le livre mais c’est le contraire... Andy Tillison : Oui, l’idée du livre est venue après l’album. C’est quelque chose qui me permet de créer un lien entre les histoires dont parlent les chansons mais sous une autre forme, dans un contexte très SF, humoristique, ironique, avec quelqu’un isolé dans l’avenir qui regarde sa vie, les années 70, les années 80, d’un point de vue futuriste. Au moment précis où un album de YES est accidentellement responsable de la destruction de l’univers. AmarokProg : Il s’agit de Relayer. Andy Tillison : Effectivement. En fait je suis parti du principe des ondes. Chaque onde a son contraire. Par exemple l’air conditionné produit un son. Si on projette l’onde sonore inverse, on peut théoriquement arrêter le son. J’ai donc exploité cette idée en partant du principe que l’univers projette une onde sonore et qu’un morceau de YES soit son contraire. L’univers finit brutalement en 2008 mais heureusement, il est sauvegardé par hasard aussi. C’est une histoire totalement stupide mais amusante. AmarokProg : Pourquoi cette envie de faire un livre ? Andy Tillison : En ce moment, le rock progressif doit beaucoup à l’Internet mais la valeur de la musique en général a beaucoup baissé. De nombreuses personnes veulent avoir de la musique gratuite. Ce n’est pas seulement à cause du téléchargement, mais aussi avec des sites comme MySpace où chacun fait son marché. Quand j’étais jeune il fallait apprécier la musique car je devais payer 44 livres pour acheter « The Lamb Lies Down on Broadway » de GENESIS. Je me souviens qu’après la première écoute je n’aimais pas l’album mais mon investissement m’a poussé à le réécouter et finalement à énormément l’apprécier. L’autre jour, j’ai entendu quelqu’un demander à une autre personne s’il avait écouté un disque et l’autre de lui répondre qu’il n’avait plus assez de place sur son disque dur. Si c’est cela la valeur de la musique aujourd’hui ce n’est pas encourageant. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu donner un ensemble complet, avec des musiques, des mots, des illustrations, pour avoir quelque chose d’intéressant, quelque chose que l’on veut avoir et pas seulement en téléchargement. AmarokProg : Et tu avais déjà eu envie d’écrire auparavant ? Andy Tillison : Oui, mais j’étais trop occupé avec la musique. Je voudrais d’ailleurs poursuivre dans cette voie. Ici, le livre ne fait que 80 pages, le reste est constitué d’illustrations. A l’avenir, j’aimerai faire quelque chose de plus abouti, j’ai quelques idées pour cela. AmarokProg : Dans le même genre ? Andy Tillison : Je suis très Science Fiction. J’aime beaucoup Asimov et tous ces auteurs. J’ai une idée pour une aventure qui se passerait au moment de la création de l’univers. AmarokProg : Tu me parles d’illustrations, il s’agit du travail d’un jeune auteur français il me semble ? Andy Tillison : En tant qu’anglais, je ne connais pas très bien l’histoire de la bande dessinée française car cela n’existe pas là bas. Les américains sont très connus dans ce domaine et lors d’un festival à Toulouse, ma copine m’avait fait découvrir toute la diversité de la B.D. française. J’étais impressionné. Son fils est un jeune dessinateur qui est actuellement dans une école lyonnaise où il étudie l’art, il fait des dessins incroyables et quand je lui ai demandé s’il pouvait illustrer le livre il a immédiatement répondu oui. C’est sa première publication, c’est très important pour lui. Avec les autres membres du groupe nous lui avons donné carte blanche pour faire ce qu’il voulait car c’était une très bonne occasion de montrer toute l’étendue de sa palette. AmarokProg : As-tu des projets, des concerts de prévus ? Andy Tillison : Il y a des projets en mai et toujours des difficultés pour jouer en France. Peut-être en septembre. Mais pour le moment, nous planifions surtout avec l’Allemagne, la Hollande, la Belgique, la Suisse, l’Italie… AmarokProg : Il y a un nouveau musicien dans le groupe ? Andy Tillison : Il s’agit de Jacco XXXX. Il est chanteur – guitariste et il a joué un rôle très important sur l’album mais je ne sais pas encore s’il restera avec nous. AmarokProg : Avec quel musicien voudrais-tu jouer dorénavant ? Andy Tillison : Avec Peter Hammill évidemment et aussi Neal Morse mais ce dernier est quasiment impossible à convaincre car je suis athée et lui chrétien. Ce serait très intéressant de travailler ensemble mais il m’a répondu qu’il demanderait à Dieu. AmarokProg : Cela dit il a déjà travaillé avec Roine Stolt et Steve Hackett… Andy Tillison : Alors peut-être lui ai-je dit trop tôt que j’étais athée. J’étais étonné de sa réponse et depuis je n’ai pas de nouvelles. Peut-être que Dieu a dit non (rires). AmarokProg : D’ailleurs, sur les deux suites du second disque, il y a dorénavant des sonorités plus proches de TRANSATLANTIC Andy Tillison : Ils étaient très bons. Quel dommage qu’ils aient décidé d’arrêter. AmarokProg : En ce qui concerne Peter Hammill, il y a un nouvel album de VDGG qui est sorti… Andy Tillison : J’en ai entendu parler. Le dernier m’avait déçu, il n’y avait que deux vrais moments de Van Der Graaf Generator mais le reste n’était pas très bon. J’étais déçu. Propos recueillis en février 2008 par Cyrille Delanlssays Remerciements à Roger Wessier AmarokProg Tweeter

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