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Fiche d'informations
IONA
Pays : England Genre : Folk / Celtique Dates : 1989 URL : cliquez ici - Avis : 40 note(s) et 10 critique(s) - Moyenne albums : 7.65 - Classement : 1194 - Consultations groupe : 21157
- Avis : 40 note(s) et 10 critique(s) - Moyenne albums : 7.65 - Classement : 1194 - Consultations groupe : 21157
Article
05/12/2011
Il faut un début à tout. Après 20 ans de carrière, la formation irlandaise qui interroge aussi bien le folklore celtique que les racines progressives classiques, vient de publier son premier double album, Another Realm, que l’on traduira par « l’Autre Royaume » - le regard pointé vers le ciel. Car au-delà d’une musique toujours prompte à se laisser vagabonder, les musiciens font ici leur « coming out religieux » définitif, provoquant au passage le départ précipité de l’historique Troy Donockley, remplacé au pied levé par l’excellent Martin Nolan. Rien de dramatique tant la machine tient la route. Mais cette nouvelle étape décisive dans la vie du groupe méritait qu’on s’y attarde et le multi-instrumentiste Dave Bainbridge était l’interlocuteur idéal pour ce tour d’horizon.
Cliquez ici pour lire la chronique de Another Realm (2011)
Cliquez ici pour lire la chronique de Live In London (dvd) (2006)
Cliquez ici pour lire la chronique de the Circling Hour (2005)
Cliquez ici pour lire la chronique de The River Flows : Anthology, Vol. 1 (2002)
Cliquez ici pour lire la chronique de Woven Cord (1999)
Cliquez ici pour lire la chronique de Journey Into The Morn (1995)
Cliquez ici pour lire la chronique de The Book Of Kells (1992)
AmarokProg : Qu’est-ce qui a inspiré cet album ? Pourquoi ce titre ? Dave Bainbridge : Le thème de l'album est basé sur l’aspect que pourrait avoir le monde si le royaume des cieux (« L’autre Royaume » du titre) venait sur Terre et si ses préceptes étaient établis ici. C’est précisément ce que Jésus nous a dit dans sa prière « … que ton règne vienne... sur la terre comme au ciel ». Imagine ce que cela pourrait donner ! Un monde où il n’y aurait ni maladie, ni peur, ni injustice, ni haine, ni crime, ni préjudice, ni mensonges, ni drogues, ni tortures, ni égoïsme, ni avidité, ni inégalité, ni plus aucun manque de ressources. Un monde qui serait plein d’amour, de joie, de bonté, de foi, d’espoirs, d’honneur, de miracles et de vérité. Ceci n’est pas un vain espoir pour l’avenir. Il y a déjà , maintenant, sur Terre, des choses incroyables qui arrivent. J’écoutais récemment le formidable nouvel album de Neal Morse, Testimony 2. Cette histoire avec sa fille et sa guérison miraculeuse… cela fait parti de toutes ces choses incroyables qui peuvent arriver aujourd’hui. Je connais une femme au Mozambique qui a vu des aveugles et des sourds soudainement guéris, et même quelques morts ramenés à la vie ! Mais ceci n’a rien de très nouveau depuis que Jésus a foulé notre Terre. Il y a quelques endroits bénis comme cela. Par exemple, le titre « An Atmosphere of Miracles » provient de la même phrase utilisée au 19ème siècle par le Duc d’Argyll pour décrire l’atmosphère de l’île d’Iona. Tu dois savoir qu’au 6ème siècle, le peuple était convaincu que les miracles se produiraient sur cette île, et qu’ils pourraient apercevoir des anges jusqu’à éprouver la présence de Dieu de façon tangible. AmarokProg : Je vois. Et Qu’est-ce que cet album signifie pour toi ? Dave Bainbridge : Chaque fois qu'un album sort, c'est l'accomplissement de beaucoup de nombreux mois de travail, de nombreux moments joyeux et d’autres plus difficiles. C'est un autre chapitre de ma vie qui s’achève, même si pour ceux qui écoutent l'album, le voyage ne fait que commencer. Je suis vraiment heureux d’avoir pu faire Another Realm et d’avoir pu trouver des fonds suffisants pour mener le projet à son terme. Et puis, faire un nouvel album de IONA reste toujours un grand plaisir, même après tant d’années. Cette pause entre The Circling Hour et cet album nous a aussi permis d’avoir plus de choses à raconter. AmarokProg : Pourquoi un double album ? Dave Bainbridge : Tout s’est décidé assez tard, pendant l’enregistrement, lorsque Jo et moi-même avons commencé à réfléchir à l’agencement des titres. Nous avons réalisé que nous avions nettement plus de matériel que prévu et largement de quoi dépasser le cadre d’un simple CD. Nous l’avions pressenti mais nous étions tellement accaparés par l’enregistrement que nous n’y avions pas prêté attention. Avec le groupe, nous avons discuté des options possibles mais nous nous sommes rapidement rendu compte que les morceaux faisaient partis d’un ensemble, d’un même thème. Certaines chansons fonctionnaient mieux avec la précédente ou la suivante et bien entendu les titres d’ouverture et de conclusion ressemblaient à deux serre-livres. En conservant cela à l’esprit, le tri s’est alors opéré très naturellement. AmarokProg : Vous n’avez donc jamais eu peur de ne pas avoir assez de musique de qualité pour réaliser ce double album ? Dave Bainbridge : Non, non. Nous étions plutôt dans le cas de savoir quelles chansons nous pouvions abandonner. Plusieurs d’entre elles ont été laissé de côté parce qu’elles n’étaient pas assez fortes ou ne fonctionnaient pas avec les autres. Notre préoccupation principale était de trouver le juste équilibre entre les titres atmosphériques et les titres plus rock. AmarokProg : Paradoxalement, certaines critiques reprochent la longueur excessive de l’album. Dave Bainbridge : Tu sais, cela faisait longtemps que nous n’avions rien publié et nous sentions qu’il serait sympa d’offrir aux fans un véritable plein de nouvelles musiques ! L’improvisation a toujours été un élément fondamental pour IONA et l’une des raisons pour lesquelles Another Realm est un album double vient de cet espace laissé à ce type de compositions. Le travail reposait sur cette balance entre des chansons plus structurées et d’autres plus libres. Parfois, l’improvisation créée une sorte d’empathie entre nous, ce qui permet d’en tirer une atmosphère et une liberté qu’il est très difficile d’obtenir avec un canevas plus formaté. « Ruach », « The Fearless Ones » et « An Atmosphere of Miracles » ont toutes été construites sur le mode de l’improvisation, au cours de moments très particuliers. Certains de nos fans préfèrent ces titres, d’autres non. C’est comme ça. Et puis aujourd’hui, tu peux facilement faire ta propre compilation de morceaux favoris ce qui fait que la durée n’est plus vraiment un problème. Si une personne trouve tout cela trop long, il lui suffit de ne conserver que les titres qu’il préfère. AmarokProg : Pourquoi Troy Donockley est-il parti ? Dave Bainbridge : Troy est un ami depuis plus de 20 ans. C’est un musicien et un compositeur unique avec une vision parfaitement claire de la musique. Nous avons partagé des moments vraiment magiques ensemble. Lorsqu’il s’est décidé à quitter le groupe, en 2009, ce fût une vraie surprise évidemment et en même temps pas tant que ça. Troy s’est toujours considéré comme un artiste « solo » et il était de plus en plus occupé ici et là , avec des projets de plus en plus importants, comme musicien, producteur, arrangeur ou compositeur. Pendant un moment, il s’est également senti moins à l’aise avec les autres membres du groupe et leur volonté d’exprimer plus clairement leur foi dans les textes. Ces choses arrivent et nous sommes tous les deux entrés dans de nouveaux chapitres de nos vies, comme une progression naturelle. Mais ne t’en fait pas, nous rigolons toujours aujourd’hui, par email ou au téléphone et je suis allé le voir cet été lorsqu’il a enregistré quelques passages pour une chanson de Joanne prévue pour un film. AmarokProg : Peut-on espérer vous revoir sur un projet commun prochainement ? Dave Bainbridge : J’espère bien ! Lorsque nous jouons ensemble, il y a une véritable alchimie entre nous et c’est vraiment quelque chose de rare. Nous avons discuté de plusieurs idées et nous verrons bien comment ça peut se passer. Troy est très occupé par ailleurs et son calendrier est plein pour 2012 et en grande partie 2013 ! Bref, il va falloir être patient ! AmarokProg : Peux-tu nous en dire plus sur son remplaçant, Martin Nolan ? Dave Bainbridge : C’est le mari de Moya Brennan qui m’a parlé de Martin. Comme ils habitent en Irlande, je me suis dit qu’ils auraient certainement quelqu’un à me recommander pour le groupe. Toutefois, Martin ne joue pas de guitare ou de bouzouki, contrairement à Troy, ce qui nous oblige à mettre plusieurs morceaux de côté sur scène, ou à les réarranger, notamment les extraits de The Circling Hour. Quoiqu’il en soit, avec Another Realm, Martin a trouvé rapidement sa propre voie et ne s’est pas contenté de dupliquer le style de Troy. C’était vraiment incroyable de le voir s’intégrer peu à peu au groupe. Son passé est ancré dans le folklore traditionnel irlandais, mais il a également beaucoup joué dans le domaine de la world music. Il a même réalisé un projet commun avec le saxophoniste Michael Brecker. Nous savions donc qu’il avait cet esprit d’ouverture nécessaire pour le rock progressif. Au démarrage de l’enregistrement, nous avons passé plusieurs jours à improviser ensemble, dans la maison de Jo, en Irlande, afin de mieux nous connaître « musicalement ». Nous avons ainsi élaboré de très belles séquences atmosphériques reprisent d’ailleurs sur « An Atmosphere of Miracles ». Il reste encore beaucoup de choses enregistrées que j’espère pouvoir utiliser dans le futur. Martin nous a également démontré qu’il pouvait jouer tout en faisant la jigue le long de la scène, ce que je pensais impossible ! Nous avons donc quelques « duels » de flûtes et de guitare lors des concerts et c’est vraiment amusant à faire. Enfin, Martin a un grand sens de l’humour irlandais, très connecté à notre public de base, ce qui nous permet d’avoir de vrais moments de rigolade sur scène qui nous aide à casser les barrières entre les musiciens et le public. AmarokProg : Quelles différences vois-tu entre cet album et les précédents ? Dave Bainbridge : Excepté qu’il s’agit de notre premier double album, je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de changements dans notre approche. Nous avons gardé beaucoup de fraicheur musicale et je crois qu’en cela, nous nous rapprochons des deux premiers albums de IONA, sur lesquels nous avions le même état d’esprit. Sur ce projet nous sommes vraiment revenus aux fondamentaux et aux principes qui nous guidaient à nos débuts. En fait le travail s’est déroulé très naturellement, et nous avons pu explorer de nouvelles combinaisons d’instruments. Tout s’est fait naturellement, même au niveau des arrangements, que nous avons fignolés tous ensemble dans le studio, ce qui s’est parfois avéré compliqué d’un point de vue logistique puisque les musiciens de IONA vivent dans trois pays différents. Et puis ces deux dernières années, l’implication de Jo dans le groupe n’a cessé de grandir. Cet album est l’aboutissement de nombreuses batailles qu’elle a du mener dans sa vie personnelle, notamment sur le plan de la santé. Sur de nombreux points, Jo a beaucoup changé depuis The Circling Hour et le voyage spirituel entamé pour l’écriture de Another Realm ainsi que le partage de cette musique avec le public est quelque chose de nouveau pour elle. Je crois qu’elle chante mieux que jamais. Elle se sent plus libre sur scène également. C’est une véritable joie de la voir ainsi. Je crois que son travail sur Another Realm fait parti de ce qu’elle a pu faire de mieux en studio. AmarokProg : En parlant de foi et de Neal Morse, est-il vrai que tu as été pressenti pour jouer avec lui lors de sa dernière tournée européenne ? Dave Bainbridge : Effectivement. En début d’année, Collin Leijenaar, son batteur et l’organisateur de ses tournées européennes, m’avait contacté pour savoir si je pouvais jouer des claviers lors de cette tournée ainsi que sur plusieurs festivals. Comme tu le sais, avant d’être guitariste, j’ai d’abords été claviériste. Il m’a confié que Neal Morse s’était réveillé ce matin là avec mon nom dans sa tête ! Il y a quelques années, je lui avais envoyé une copie de mon premier album solo, Veil of Gosshammer, et il m’avait répondu l’apprécier mais sans que nous gardions contact par la suite. Bref, cette proposition tombait malheureusement très mal puisque j’étais déjà engagé sur plusieurs dates avec IONA et malgré plusieurs tentatives pour planifier les choses, j’ai du décliner l’offre. J’aurai pourtant adoré le faire. C’est un groupe fabuleux ! Et j’aime sa musique. Elle peut être si puissante et si émotionnelle à la fois. Il a tant d’influences de musiciens avec lesquels j’ai grandi et bien entendu, je partage sa foi. En fait, je préfère son travail en solo de ce qu’il a pu faire avec Spock’s Beard. Ca serait extra de pouvoir travailler avec lui un de ces jours. Récemment, j’ai rencontré Bill Evans, le manager de Neal. Il est venu à un concert de IONA et a beaucoup apprécié. Évidemment, Neal est un super claviériste et un guitariste hors pair également, il écrit beaucoup et a une pléthore de musiciens qui veulent collaborer avec lui. Mais peut-être pourrais-je apporter ce petit quelque chose de différent dans le son, les harmonies, quelque chose de plus… britannique ! AmarokProg : Comment définirais-tu la musique de Another Realm ? Dave Bainbridge : C’est la musique de IONA ! Et comme tous les albums de IONA, j’espère qu’il entraîne l’auditeur dans un voyage unique, qu’il lui permet de s’élever et qu’il est source d’inspiration et de visions. AmarokProg : Peux-tu nous dire quelques mots sur la pochette ? Dave Bainbridge : Le design a été réalisé par Tim Martindale, un type très créatif, notamment dans la photographie, qui a déjà travaillé plusieurs fois avec nous ces dernières années. Pour l’image du cavalier, c’est en fait Joanne et son propre cheval, photographiés par Heather Armstrong, une américaine que Jo avait rencontré lors du mariage d’un ami commun. Les photos ont été prises sur la côté nord irlandaise, avec ces nuages et cette lumière si particulière. De nombreuses photos prises lors de cette même journée sont également incroyables par leur ambiance. Nous les publierons probablement un jour sur note site Internet. J’aime tout particulièrement l’aspect dramatique de la pochette. Elle n’appelle pas à prendre les armes dans le sens « physique » des choses. L’épée est ici symbolique de l’esprit Saint et de la guerre spirituelle livrée dans le royaume invisible. AmarokProg : Comme tu l’as dit, certaines parties sont très atmosphériques et se rapprochent de tes projets annexes… Dave Bainbridge : Comme je te l’ai dit, cela vient aussi du fait que nous voulions vraiment approfondir cette voie. J’aime également chercher de nouveaux sons, de nouvelles ambiances. C’est quelque chose qui m’intéresse depuis que j’ai commencé la musique, le travail les synthétiseurs et le matériel d’enregistrement. Sur ce nouvel album, je voulais venir avec de nouvelles textures et pour cela je me suis repenché sur du vieux matériel que je n’avais pas utilisé depuis un bail mais en faisant sortir le son sur des choses plus modernes comme un MacBook Pro. Le résultat fût très intéressant ! Sur « Another Realm », tu peux ainsi entendre des sons sortis d’un séquenceur de 1982, d’un Yamaha TX816 FM Synth de 1984, d’un Oberheim Matrix 1000 de 1985 d’un Rolan JX10 de 1986 ou d’un Korg M1R de 1987 ! Mais des synthés plus récents sont présents également, comme le Yamaha S90Xs de Jo ou mon Rolan XV5080. Tous ces synthés combinés ensemble sur des matériaux plus récents m’ont donc aidé à créer des atmosphères uniques. AmarokProg : Quelle est la place de la production sur ce disque ? Dave Bainbridge : Nous pensions qu’il serait important, notamment au début de notre travail en studio, d’être présent tous ensemble pour l’enregistrement. C’était quelque chose de difficile à organiser car nous vivons loin les uns des autres et nous avons pas mal d’occupations par ailleurs. Nous avons donc réservé le studio de notre ingénieur du son, Johan van Loo, en Hollande, et avons pris beaucoup de plaisir à enregistrer les lignes mélodiques et à faire quelques overdubs et improvisations. Cette façon de faire fût très productive, ce qui nous a permis de nous focaliser sur la musique et de laisser l’enregistrement à Johan. Nous avions planifié de retourner au studio le mois suivant mais cela n’a pas pu se faire en raison du volcan islandais et du nuage qui empêchait tout vol aérien. Après ce contre temps, des problèmes d’emploi du temps et de santé ne nous permirent pas de nous réunir de nouveau et le reste de l’enregistrement fût éclaté entre mon studio et celui de Frank en Angleterre et en Hollande. Heureusement, avec les techniques modernes il est facile de voler d’un endroit à l’autre pour travailler, avec l’enregistrement dans le disque dur. Comme sur tous les albums de IONA, j’étais le producteur, la personne chargée du projet dans son ensemble, mais cette fois, j’ai également mixé moi-même le disque dans mon home studio. Joanne m’a rejoint pour quelques sessions et s’est plus impliquée sur cette partie. Elle a une excellente oreille et de très bonnes idées. J’ai envoyé le résultat à tous les membres du groupe et également quelques conseils à Frank pour le mixage de ses parties de batterie. Ce travail de mixage était un véritable challenge car il y avait vraiment beaucoup de matière à traiter avec des parties très complexes mais j’ai adoré ça. Évidemment comme tout ce que j’ai pu faire, je peux aujourd’hui dire que certaines choses pouvaient envisagées autrement mais au final, la chose la plus importante reste que l’album touche les gens, que sa passion et son engagement artistique soient préservés. Le plus important pour nous a toujours été de produire l’album le plus fort à tout point de vue. Parfois, cela touche le chant comme sur Beyond There Shores, et parfois sur les parties instrumentales comme The Book of Kells’ ou Open Sky. Cela implique aussi d’écrire du mieux possible. J’ai pensé que Another Realm nécessitait d’avoir des moments de pauses, de sections instrumentales calmes pour enrichir l’expérience globale de l’album et exprimer cette idée du ciel qui envahit la Terre. Pendant l’enregistrement, l'idée d'utiliser tas de couches vocales est devenue une sorte de fil rouge naturel. AmarokProg : IONA a une grande réputation dans les domaines de la musique progressive et celtique… Dave Bainbridge : Oui, c’est un grand privilège d’être respecté dans ces genres là . AmarokProg : Quelle est ta vision de la scène musicale actuelle ? Dave Bainbridge : Actuellement, il y a de nombreux musiciens vraiment brillants et c’est formidable de pouvoir débusquer si facilement et rapidement de la bonne musique sur Internet, qu’elle soit ancienne ou récente. Ceci, bien qu’il y ait des choses très discutables avec le système Internet, c’est vrai. Les téléchargements illégaux ont eu un effet dévastateur sur l’industrie musicale et plus particulièrement sur les nouveaux artistes et tous ceux au même niveau que nous, c'est-à -dire connus dans leur domaine mais pas ou peu soutenu par un label digne de ce nom, au rayon « mainstream ». Et même s’il est devenu beaucoup plus facile d’enregistrer un disque avec de bonnes conditions à moindre frais, c’est aujourd’hui très compliqué de vivre raisonnablement de la musique. Par exemple mes royalties qui me permettaient il y a peu de vivre raisonnablement ou en tout cas d’avoir un revenu décent, se sont complètement taris. Fini le temps où on pouvait aller voir un label pour obtenir un bon budget et une bonne campagne markteting. J’ai passé un an à travailler d’arrache pied sur ce disque et tu imagines combien c’est décourageant de retrouver l’album sur Internet quelques semaines avant même sa sortie. C’est juste du vol. C’est comme aller dans un magasin, prendre un objet sur l’étagère et partir avec sans payer. Tu ferais ça ? Personnellement je ne le ferai pas. Pas seulement parce que cela touché la personne qui a travaillé mais surtout parce que cela fragilise la place de l’artiste dans la musique avec moins d’opportunités et surtout moins d’argent à investir pour le disque suivant. Cela affecte non seulement les créateurs mais aussi les distributeurs, les studios d’enregistrement, les vendeurs. A un moment où il faut réduire au maximum les charges pour rester compétitif face à des revendeurs comme Amazon, les charges dues aux labels augmentent fortement, ce qui réduit d’autant nos marges. Ce qui me chagrine le plus dans cette histoire, c’est l’aspect dévalorisant pour la musique. C’est incroyable de pouvoir trouver presque instantanément n’importe quel morceau de musique mais la contre partie est qu’aujourd’hui c’est devenu un réflexe, une habitude, et personne n’imagine plus payer pour de la musique. Le marché de la musique pop est moins touché, notamment avec les sponsors, le merchandising et ce genre de choses, mais pour tous ceux qui essayent de faire des choses plus expérimentales, l’effet est dévastateur. Souvent, de nouveaux artistes nous contactent pour savoir comment se faire connaître et honnêtement, si tu ne faits pas partie de la frange mainstream, c’est très compliqué. Cela me fend le cœur de voir ces grands musiciens ne pas avoir l’opportunité de gagner leur vie comme ils le mériteraient. La situation économique des promoteurs n’aide pas non plus. Difficile de booker les artistes devant un public important, sauf s’ils sont reconnus. Il faut être préparé à jouer devant de très petites assemblées, pour presque rien. Nous sommes donc très reconnaissants vis-à -vis de personnes comme toi, qui continuent à promouvoir de la bonne musique sur le web, juste parce que tu aimes la bonne musique ! Et c’est essentiel de continuer à venir voir les artistes sur scène, et principalement les nouveaux venus. Voir les musiciens en live est magnifique, des expériences uniques qui valent chaque centime du ticket. Alors bien sûr, Internet est un formidable outil pour se connecter avec de nombreuses personnes à travers le monde. Animer le Facebook de Iona est vraiment sympa, car cela nous rapproche un peu plus de notre public. Nous avons aussi un nouveau site Internet superbe fait par un ami aux Etats-Unis, Tim Ostendorf. C’est vraiment avec l’aide de gens à travers le monde, des gens qui aiment la musique, et qui donnent de leur temps pour la promouvoir, que nous pouvons aller de l’avant. AmarokProg : Quels groupes récents ont attiré ton attention ? Dave Bainbridge : Oh, j’écoute toute sorte de musique, dans tous les genres… c’est très compliqué d’en choisir un ou deux. Bon, il y a une incroyable guitariste acoustique nommée Charlotte Carrivick dont tu pourras découvrir quelques talents ici : www.youtube.com/watch?v=XIdB-xZbORI Un superbe groupe venu de Hollande également, Fairck qui sonne un peu comme la version européenne de Gentle Giant ! J’adore Jordan Rudess, Guthrie Govan, Paul Bielatowicz et la guitare de Joe Bonnamassa, Gavin Harrison… Gwilym Simcock est un incroyable pianiste et compositeur de jazz. Mumford and Sons font des choses très intéressantes et le jeune chanteur Birdy a une voix pleine d’émotion. Affector, le nouveau groupe de Collin Leijenaar et Daniel Fries sonne vraiment bien, dans la veine de Black Country Communion. AmarokProg : Quels bons albums as-tu écouté récemment ? Dave Bainbridge : Quand je parts sur la route, j’essaye de prendre quelques disques au hasard pour écouter dans la voiture pendant les trajets. Les plus récents sont l’album « Random Acts of Happiness » de Bill Bruford’s Earthworks, j’adore le style de Steve Hamilton et Tim Garland est un saxophoniste vraiment génial. J’ai également écouté « Double Concerto for String Orchestra » par Sir Michael Tippett et « A Scottish Island » de William Jackson, un harpiste écossais qui avait participé à l’album Open Sky. Et puis « Black Market » de Weather Report… Zawinul était un incroyable claviériste et une influence majeure pour moi. Il savait mélanger des sons très organiques avec des textures originales. Enfin, j’ai écouté quelques morceaux de Bert Jansch depuis son décès. AmarokProg : Que peut-on espérer pour le futur de Iona ? Dave Bainbridge : Nous souhaitons faire de nombreux concerts en 2012 en espérant que de nombreuses personnes découvriront Another Realm. Je suis en train de faire des versions « radio » de plusieurs pistes car la plupart des titres sont trop longs pour être diffusés. Et puis nous discutons entre nous du prochain album. AmarokProg : Quelles sont les prochaines échéances ? Dave Bainbridge : Nous allons faire un break de trois mois pendant lequel je vais pouvoir me pencher sur mon prochain album solo et étudier la possibilité d’un clip vidéo pour un titre de Another Realm. Je vais également travailler sur un album en commun avec ma femme, Debbie, dont certaines compositions au piano figuraient déjà sur l’album « Songs For Luca » et jouer quelques concerts avec Godfrey Birtill. Mais il y a en encore pas mal de travail à faire avec Iona ! Des interviews, comme avec toi, de la promo et l’organisation d’une tournée américaine pour 2012 ! Et puis passer un peu de temps avec ma famille ! AmarokProg : A propos de ton prochain album solo justement, as-tu quelques éléments à nous dire ? Dave Bainbridge : Oui, j’ai déjà pas mal de matière déjà écrite et même enregistrée avec notamment le percussionniste français Gabriel Alonso et le bassiste Steve Lawnson. J’aimerai bien avoir quelques invités sur ce disque, comme Randy George. Les titres sont plus rock que sur Veil of Gosshammer avec de nombreux soli de guitare et de l’orge hammond… Jon Lord étant l’un de mes héros ! La raison principale pour laquelle l’album n’est pas terminé n’est pas artistique, loin de là , mais plutôt le manque de financement… Veil of Gosshammer avait bénéficié d’une avance de la part de Voiceprint ce qui n’est plus le cas ici. L’évolution de l’industrie musicale une fois encore… mais je m’y remets dès que j’en ai l’occasion. La musique n’est pas une profession pour moi mais plutôt une vocation. AmarokProg : Pour finir, voici quelques questions tirées du questionnaire d’un présentateur connu ici, Bernard Pivot : Quel est le mot que tu préfères : Espoir mais si j’avais le choix d’un autre mot, j’aouterai « Liberté » Quel est le mot que tu détestes : Désespoir Quelle est ta drogue préférée : Jésus Qu’est-ce qui t’inspire le plus ? Des paysages magnifiques, la force de la vie, la croyance en Dieu, l’amour des gens, savoir que je suis aimé par les miens, beaucoup de choses en fait ! Qu’est-ce qui t’inspire le moins ? L’égoïsme Quel son ou bruit aimes-tu ? Le chant d'un oiseau, la mer, la voix de ma femme et de mes enfants, un instrument bien joué… Quel son ou bruit détestes-tu ? Le bruit de la guerre, de la bataille, de l’intolérance… Quel est ton juron préféré ? « For Goodness Sake! » mais j’aime également beaucoup un mot utilisé par ma fille aînée « Chickens! » Quel homme ou femme pour un nouveau billet de banque ? Heidi Becker, une vraie source d’inspiration… Quelle profession autre que la tienne aurais-tu aimé exercer ? Artiste… j’adore peindre et dessiner mais je n’ai jamais le temps de m’y coller. Quelle profession n’aurais-tu pas aimé exercer ? Mineur de fond comme mon parrain. Quel végétal, arbre ou animal voudrais-tu être ? Un aigle Si le Paradis existe, que voudrais-tu que Dieu te dise lors de ton arrivée ? Je ne crois pas que les mots seront la première forme de communication au Paradis, juste une forme de gaz dans les yeux du Roi des rois, montrant plus d’amour et de compassion qu’aucun mot ne pourrait traduire. Cyrille Delanlssays - Propos recueillis par en octobre 2011
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