On pourrait disserter de longues heures sur la discographie proéminente de linfatigable Steven Wilson dont linfluence se porte haut et ce, depuis une bonne dizaine dannées, dans la sphère du son baladin et de la composition ultra soignée. Une chose est sûre, lannonce de son premier véritable album solo fut un facteur démoustillement généralisé que lon navait pas connu depuis un bail. Pour loccasion, notre homme a dailleurs vu les choses en scope puisquil nous propose avec malice une dizaine de nouveaux titres, enregistrés en 5.1, auxquels on ajoutera une poignée de bonus, un packaging rutilant, un DVD avec un film de 18 minutes et un livre comprenant des photographies typiquement dans lesprit de son collaborateur habituel Lasse Hoile. Tout cela prévu en 3.000 exemplaires seulement... déjà cultes.
Oui mais voilà : vendu à coup de trailer et dannonces alléchantes, le parfum allait-il être à la hauteur du flacon ? « Harmony Korine » donne le la, avec une ahurissante maturité, alternant séquences de tranquillité relatives, guitares furibardes et voix traficotée assez haute perchée dans la plus pure tradition PORCUPINE TREE ; un clin doeil, le premier dun disque qui va dès lors semployer à référencer toutes les influences de Wilson (The Cure, Depeche Mode) et condenser son travail sur ses projets transversaux (PT, No-Man, Bass Communion, Blackfield, I.E.M.). Sensuit donc son penchant électronique avec les claviers pénétrants de « Abandoner », la mélancolie poisseuse dune infinie tristesse de « Verona Para Las Hadas » (on pense à la période The Sky Moves Sideways) ou le virage post nucléaire de « Salvaging », qui alterne riff bien gras, pirouette orchestrale et space rock comme un chien hyper savant (Signify vient à lesprit).
On croise également sa majesté KING CRIMSON dans la lente montée en puissance de « No Twilight Within The Courts Of The Sun » qui sachève comme une course poursuite qui aurait rattrapé Syd Barrett par le colback. Et pour ne rien laisser au hasard, Wilson parvient à articuler deux morceaux plus accessibles mais tout aussi merveilleux, « Only Child » et « Get all That You Deserve » peuplé dun piano lunaire titillant la curiosité. Costaud ! Et pour garder une certaine pudeur face à une concurrence depuis longtemps à la rue, on évoquera sur le fil le morceau titre, « Insurgentes », mélodie en feutrine et lumière tamisée qui tient du chef doeuvre tout court. Evidemment, la kyrielle dinvités laisse tout aussi rêveur : Gavin Harrison (batterie), Tony Levin (basse), Mike Outram (guitare), Jordan Rudess (grand piano), Clodagh Simmonds (chant), Sand Snowman (guitare acoustique), Theo Travis (flute, clarinette), Dirk Serries (guitare), Michiyo Yagi (koto), et une section à cordes font, sans se faire prier, dans le stupre mélodique.
Les heureux possesseurs de la version collector, profiteront en sus de savoureux extras qui nont rien dun cache-misère : « Untitled » à lélectricité éraflée, le dérivé caressé et murmuré de « Insurgentes (Mexico) », où mieux encore, linstrumentale « Collecting Space » dont on se demandera longtemps pourquoi ses contours scintillants nont pas intégré derechef le peloton de tête. Dun entrain à la fois poignant et contagieux, le souffle déployé en ferait un générique de fin épatant, idéal et pour tout dire prodigieux. Trois adjectifs que lon pourra accrocher aux wagons de cet album où la musique atmosphérique et tempêtueuse de Wilson se transforme en véritable geyser sans jamais craindre de franchir le mur du son.
1. Harmony Korine - 5:08 2. Abandoner - 4:48 3. Salvaging - 8:17 4. Veneno Para Las Hadas - 5:57 5. No Twilight Within the Courts of the Sun - 8:37 6. Significant Other - 4:31 7. Only Child - 4:24 8. Twilight Coda - 3:25 9. Get All You Deserve - 6:17 10. Insurgentes - 3:55
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