Et voilà, cest reparti ! Après les deux premiers volets de la trilogie Excalibur (1998 et 2008), le nantais Alan Simon revient à la charge avec cet opéra-rock qui croise la route dAnne de Bretagne, figure amblématique de lhistoire de France puisquelle fût notamment sacrée reine à deux reprises. On reconnaîtra de suite les habitudes de notre oiseau compositeur qui convoque ici une foule dartistes venus de registres divers - Ange, Nilda Fernandez, Fairport Convention, Tri Yann ou Les Holroyd (Barclay James Harvest). Lunivers formel, dune cohérence sans faille, évite surtout les accents pompeux que le genre égraine depuis des lustres. Ainsi na-t-il de cesse de piocher dans le celtique, la musique traditionnelle et le rock symphonique de bon aloi. En franchissant la barre dune maturité éclairée, Alan Simon et son comparse James Wood, offrent un revigorant tableau qui ne cherche jamais à réinventer la poudre. Ils se contentent, et cest déjà beaucoup, de mener les choses sans jamais senfermer dans une suite de tableaux trop attendus.
Malgré les moyens déployés (orchestre symphonique de Budapest, Bagad Anna Vreizh, Opéra de Gênes, près de 200 musiciens invités) et la production fantasque dune rare densité, on reste devant ce double album comme devant un livre dimages : excité à lidée de redécouvrir la grande Histoire sous limpulsion dune ambition qui pourrait sembler démesurée. Il faut dailleurs évoquer un livret orné dillustrations classiques et de représentations des divers protagonistes en mode bande dessinée. Cette méticulosité de ne rien laisser au hasard rappelle la grandeur du projet tout en le conservant dans sa dimension la plus ludique.
Et la musique dans tout ça ? Totalement à contre courant, Alan Simon reste aujourdhui très bien placé pour faire évoluer son style selon les cas. Sans jamais imposer dunivers qui ne collerait pas aux artistes, lalbum y va franco et revendique ses influences sans jamais se figer. La force motrice de lalbum est cette capacité, énorme, dexploiter au mieux les talents en présence. En ressort des chansons ciselées avec un soin impeccable (« Marie la Cordelière », « Duchesse Anne », « Desire », « The King », « Marie la Cordelière »), des très beaux moments instrumentaux (« La Guerre Folle », « St. Aubin du Cormier », « La Feste », « Digenvez », « LEnfant Roy »), un Christian Décamp en forme (« Messire le Duc ») et son fils, Tristan, dune grande intensité (« Moi le Maudit »). La trentaine de titres parle damour, de guerre et de mort. Ecrits à lancienne, sans passéisme pour autant, ils névitent pas le piège de la longueur avec quelques pièces inégales (« Le Prince dOrange », « Ma Dame ») mais le résultat ne devrait pas lasser les oreilles aussi rapidement que le tout venant proposé habituellement sur les ondes, loin de là.
Lévocation de ces moments déternité est surtout symbolisée par le personnage central, Anne de Bretagne, quinterprète une lumineuse Cécile Corbel. Cette harpiste-chanteuse découverte à travers deux albums magnifiques (Songbook vol.1 et 2) fait naviguer sa voix entre les hauteurs délicates de Kate Bush et la tranquilité de Maggie Reilly (« Ma Zat », « Je Vous Pleure »). Elle colorie la fresque avec une éblouissante palette émotionnelle et transforme chacune de ses apparitions (« Anna Vreizh »). Anne de Bretagne a légué son cur à la Bretagne, on avouera sans honte que Cécile Corbel parvient à se saisir du nôtre avec ses atmosphères douces, presque hypnotiques. Et nous lui cèdons sans combattre.
1. OUVERTURE ANNA DEI GRATIA 2:07
2. MESSIRE LE DUC 4:35
3. YSABEAU 2:39
4. DUCHESS ANNE 3:53
5. LA GUERRE FOLLE 3:08
6. LE LYS ET LHERMINE 4:00
7. Ô MA FILLE 4:57
8. MA ZAT 3:42
9. MA DAME 4:06
10. ST. AUBIN DU CORMIER 1:46
11. JE VOUS PLEURE 3:54
12. LE PRINCE DORANGE 5:13
13. LA FESTE 2:25
14. DESIRE 4:28
15. MOI LE MAUDIT 4:01
16. SOLITUDE 1:58
17. LITALIE 3:58
ACT II
1. LENFANT ROY 1:28
2. AMERIGO 4:11
3. LES AMOURS GALANTS 3:11
4. IL MAESTRO 2:41
5. THE KING 3:44
6. TRO BREIZH 1:30
7. LE POMMIER DOR 3:19
8. LE POMMIER DOR (REPRISE) 2:13
9. MARIE LA CORDELIERE 4:01
10. ANNA VREIZH (INTRO) 2:30
11. ANNA VREIZH 4:49
12. FINAL : "IN PACE ANNA" 2:04
13. EPILOGUE : THE SOLDIER 2:26
Line-up de Anne De Bretagne
Simon Nicol: Guitare acoustique, Chant lead et choeur
Alan Simon : Low Whistle, Add keyboards, Add Guitare, Chant lead
Pat O May: Guitare Electrique lead
Basile Leroux: Guitare Electrique lead
James Wood : Guitare acoustique, Bass, Chant lead et choeurs
Olivier Rousseau: Piano
Didier Squiban: Piano
Michel Bourcier: Grand Orgue de la cathédrale St Pierre de Nantes
Sylvain Fabre: Percussions
Miguel Henry : Luth , Guitare Renaissance
Laurent Tixier: Vièle à Roue, Flute baroque, veuze, Chant
Chris Leslie: Violon Lead
Alessandro Sacco: Violon
Bob Callero: Stick bass
Marco Canepa: Clavecin et programmation
Gérard Goron (Tri Yann) : Batterie et percussions et Choeur
Jean Paul Corbineau: (Tri Yann) : Chant lead et Choeur
Jean Louis Jossic (Tri Yann) :Chant lead et choeur
Jean Chocun (Tri Yann) : bouzouki irlandais et Choeur
Konan Mevel (Tri Yann) :Cornemuse
Christophe Peloil (Tri Yann) : Violon et Choeur
Frederic Bourgeois (Tri Yann) : Claviers et Choeur
Jean Luc Chevalier (Tri Yann): Guitare electrique et acoustique
Tristan Decamps ( Ange): Chant lead et Choeur
Christian Decamps ( Ange) : Chant Lead et Choeur
Les Holroyd ( Barclay James Harvest) : Chant lead et Choeur
Gorgio Conte: Chant lead et voix
L'orchestre symphonique de Budapest orchestré et dirigé par Laurent Couson et supervisé par Alan Simon.
Le Bagad Anna Vreizh dirigé et orchestré par Christian Méhat.
Opera de Gênes lead:
Roberto Tiranti: Tenor
Francesco Lambertini: Bass
Paola Dittaleya: Alto
Pierra M. Ciuffarella: Soprano
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