Quon ne vienne plus dire que les groupes de rock progressif névoluent pas, contrairement à ce que laisseraient supposer leurs petites histoires de famille ! À bien regarder celle de The Pineapple Thief il ne fallait pas sétonner quaprès sept albums en apesanteur et une double compilation dune richesse sonore totale (3000 Days en 2009), Bruce Soord ait ressenti le besoin de se donner un bon coup de ventoline pour avancer. Lidée sétait probablement imposée delle-même. En passant dans le giron de KScope sous laile protectrice de Steven Wilson, les anglais se devaient de gratiner leurs arpèges et désassembler un peu leurs compositions rongées de spleen. Le défi à relever était costaud : parvenir à faire le plein délectricité sans court-circuiter un tel sens mélodique et donner du vrombissant sans écorner une âme bouleversée et bouleversante. Car dans le genre mélancolique et chansons vague à lâme, The Pineapple Thief a toujours su consumer le concept jusquaux cendres. Bref, on a beau connaître la chanson du nouveau départ sur le bout des doigts, on entame Someone Here Is Missing avec le doute au cur. La pochette, imaginée par limmense Storm Thorgerson (Pink Floyd, Rush etc.), nous montre un Bruce Soord recouvert de papiers où sont inscrites ses pensées les plus secrètes. On devine facilement que personne ne viendra mâcher le boulot !
Le disque débute avec « Nothing At Best », plage incandescente, affublée dun riff déchiré par sa propre intensité, jonglant entre rythme électro et vertige survolté. Une merveille dintroduction enchaînée par un « Wake Up the Dead » plus électro encore mais suivant une ligne de fuite funeste jusquà se nettoyer dun tonnerre de rocknroll absolument décapant. A peine le temps de reprendre son équilibre avec « The State Were In », mid tempo au romantisme classieux, que lon entre dans le labyrinthe sonique de « Preparation For Meltdown ». The Pineapple Thief passe alors quelques vitesses dans sa faculté à recréer un style sans échapper à son identité. Convulsifs, compulsifs sous le coup de la transformation, les anglais libèrent des décharges dune puissance extraordinaire.
Triste sans en rajouter (« Barely Breathing » en acoustique suspendue), puisant également dans une forme de metal sexy (« Show a Little Love » chanté très hot par un Bruce Soord qui étendait son registre), le groupe en appelle au meilleur de ses obsessions (« Someone Here is Missing », splendide) pour se créer un nouveau monde in extenso, totalement dégraissé. Lalbum dure à peine trois quart dheure et se permet denvoyer deux missiles pour finir le boulot : « 3000 Days » et « So We Row » dont le petit air malin virevolte jusquà son dénouement. On en ressort rincé.
The Pineapple Thief avait jusquici mangé jusquà satiété la pulpe de son fruit mûr (Abducting the Unicorn, 137, Variations on a Dream, 10 Stories, Little Man), avant de sattaquer aux parties charnues (What We Have Sown, Tightly Unwound). Avec Someone Here Is Missing, il rongeait sa propre écorce en nous offrant un savoureux cocktail sucré, salé, acidulé. Lavenir allait donner raison à cette magnifique formation en poursuivant le palpitant de ses nouvelles secousses.
1. Nothing at Best 2. Wake Up The Dead 3. The State We're In 4. Preparation For Meltdown 5. Barely Breathing 6. Show A Little Love 7. Someone Here Is Missing 8. 3000 Days 9. So We Row
Line-up de Someone Here Is Missing
- Bruce Soord / vocals, guitar - Wayne Higgins / guitar - Steve Kitch / keyboards - Jon Sykes / bass - Keith Harrison / drums
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