Dream Theater à l'ouvrage. Deux ans après le hargneux mais décevant "Six Degrees Of Inner Turbulence", le combo new-yorkais revient à la une de l'actualité avec ce nouvel album à la pochette glauquissime. Attendu (au tournant ?) par un parterre de fans impatients, "Train of Thoughts" assurera les débats sur la résistance, l'indépendance, l'alcoolisme et la religion. Ben voyons !
De prime abord, la durée de la bête saute au yeux (avant les oreilles, nous y reviendrons). Un peu plus d'une heure pour un groupe qui nous avait habitué à du remplissage limite indigeste. Bonne nouvelle ?
Deuxième constat : contrairement aux rumeurs, pas de ramolissement en vue. Dès les premières mesures de "As I Am", ça saigne dans tous les sens à coup de riffs bien grassouillets renforcés aux coups de lattes sado-maso du maître de cérémonie Portnoy converti "Emile pied de plomb".
Métal hargneux, lourd, brutal. Les hostilités se prolongent dans un déluge de saturations, dont les excès éclatent sans mal les claviers (très) discrets d'un Rudess asphyxié par tant de patacaisse - une petite pensée pour la pauvre basse de Myung, réduite aux utilités.
Alors oui, la technique est toujours là. Impressionnante. Exceptionnelle. Mais les plates-bandes démonstratives sont bouffées de l'intérieur. A l'acide. "The Dying Soul" et "Endless Sacrifice" enfoncent le clou - LaBrie déploie ses talent d'hygiaphone suraigü. Mal de crâne en perspective.
Au concours de la plus grosse paire de mesures à triple croches alambiquées, Dream Theater tient le pompon ! Mais à quel prix...
Signé Furax. Le chemin pavé de barbaque pimentée s'adoucis un poil avec "Honor Thy Father", supportable distillerie affublé d'un groove euphorique et efficace. S'il n'était une regurgitation du célébrissime "Home", ce titre taperait le magique...
Les fatigués des tympans trouveront de la quiétude sur le minimaliste "Vacant" où LaBrie peut enfin s'exprimer sur de légères harmonies piano - violoncelle. Simple. Fin. Beau. CQFD.
Monté en puissance confirmée sur les deux derniers titres - dans la tradition du groupe. Accrocheurs, complexes et exotiques sans être casse-tête ni casse-burnes. Mieux "In the Name of God" renvoie un côté latin qui perpétue l'exploration musicale du groupe. Il était temps !
Evidemment, "Train of Thoughts" déchaînera les passions. Loin de trouver une nouvelle direction musicale, Dream Theater reste le cul entre deux chaises. En suspens. Que l'on soit ferrus de dynamitage pyrogène ou de virtuosité mélodique, chacun aura droit à son demi-album de fête. De quoi satisfaire tout le monde. De quoi décevoir la plupart. Choisissez votre camp !
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