Dans la famille des grands musiciens besogneux acharnés, voici revenir le sémillant blondin suédois Roine Stolt, guitariste émérite du combo Flower Kings... également entendu chez Kaipa, The Tangent, Transatlantic, Karmakanic et moult panouilles sur avec ses potes Neal Morse, Tomas Bodin, Pär Lindh Project, Chance, The New Groove Project, etc. Une carte de visite mirobolante qui ne lui évite pourtant pas toujours de tourner en rond. Avec un tel agenda, il signe avec ce Wall Street Voodoo un cinquième album solo orienté double brochettes garnies. De quoi éveiller les soupçons. Mauvaise piste ! Etalé sur pratiquement deux heures, le style un poil répétitif du guitariste prend (enfin) des couleurs pour nous embarquer en pleine réminiscence d'un blues rock estampillé sixties-seventies.
Epaulé d'amis prestigieux (dont Neal Morse, Hasse Bruniusson et une poignée sous pseudonymes pour d'obscures raisons contractuelles) le voyage passionnera les adeptes de six cordes bavardes. Stolt régale de sa technique wah-wah surabondante (« Remember », « The Unwanted »), de bottleneck (« Dirt »), de son sens de lacoustique (« Unforgiven ») au fil de compositions laissant libre court à des soli fleuves. Bien sûr, l'ensemble n'évite pas les longueurs habituelles comme sur le soulant « The Unwanted » et, dans une moindre mesure, « The Observer » ou « Hotrod ». Des boursoufflures en pertes et profits sur cet hommage appuyé à Peter Green, Eric Clapton, Jimi Hendrix, Robin Trower, Frank Zappa, Steve Lukather et les incontournables Beatles sur le relax « Everyone Wants to Rule The World ».
Une section rythmique franchement exaltée sur « Head Above Water » ou la puissante reprise de Joni Mitchell (« Sex Kills ») entraîne d'ailleurs l'auditeur sur des sentiers mélodiques escarpés. Ainsi bardé de réussites évidentes comme en témoignent « Spirit of the Rebel » ou le magnétique « People That Have The Power To Shape The Future », cet album dépasse même des espérances bradées depuis quelques années. Même si on pourra lui reprocher son chant un chouïa mielleux (mais Clapton est-il mieux placé ?), Roine Stolt libère des émanations plutôt inspirées des Allman Brothers, Cream et compagnie pour nous offrir un album assez épatant, bien au-delà du cadre dans lequel il s'était engoncé.
Les plus impatients trouveront le bastringue longuet et indigeste, lanceront qu'il aurait fallu le réduire à sa portion congrue pour obtenir un disque unique potentiellement étiqueté grand uvre. Peut-être bien mais rien nempêche de se faire une sélection personnelle de la bête... et à ce petit jeu, ce Wall Street Voodoo s'avère une belle lettre d'amour au passé et aux amateurs de guitares de tous poils !
Disc One (61:20) 1. The Observer (11:05) 2. Head Above Water (5:25) 3. Dirt (8:15) 4. Everyone Wants To Rule The World (4:05) 5. Spirit Of The Rebel (6:10) 6. Unforgiven (3:00) 7. Dog With A Million Bones (8:10) 8. Sex Kills (7:20) 9. Outcast (7:50)
Disc Two (53:50) 1. The Unwanted (9:00) 2. Remember (6:55) 3. It's All About Money (8:05) 4. Everybody Is Trying To Sell You Something (6:55) 5. Hotrod (The Atomic Wrestler) (9:10) 6. Mercy (2:40) 7. People That Have The Power To Shape The Future (11:05)
Total Time: 115:10
Line-up de Wallstreet Voodoo
- Roine Stolt / lead vocal, electric & acoustic guitars & percussion - Neal Morse / lead vocal & Hammond organ - Slim Pothead / Wurlizer piano, Mini Moog & Hammond organ - Victor Woof / Fender bass - Marcus Liliequist / drumkit - Hasse Bruniusson / percussion - Gonzo Geffen / congas & percussion & loop treatments
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