Avec les américains de Echolyn, le terme progressif prend toute sa signification. Voilà un groupe qui, dès son premier album éponyme en 1991, avait déjà placé la barre très haut et n'a cessé de progresser depuis, dans tous les sens du terme et malgré les avatars qu'il a connus. En effet, lorsqu'ils sont passés chez Sony Music pour "As the world" en 1994, tous les progueux du monde étaient contents de savoir que cette véritable révélation accédait à une major et par là même à une diffusion et une promotion plus larges sans pour autant se compromettre et faire des concessions sur sa musique. Hélas, l'aventure tourne court du fait de Sony, qui refuse de les faire tourner alors même qu'il s'agirait là de la meilleure façon de les promouvoir. Echolyn participe donc au premier ProgDay en Caroline du Nord en septembre 1995 sans aucun soutien du label. Le groupe s'est de surcroît endetté ; ce sont les labels SynPhonic et Cyclops qui prennent le relais pour "When the sweet turns sour", un album comportant essentiellement des démos et des fonds de tiroirs mais aussi bien sûr un cover de "where the sour turns to sweet" de Genesis. Les revenus de cet album leur serviront à éponger les dettes. Tom Hyatt et Chris Buzby quittent le groupe... ça sent la Fin. Pourtant, en 2000, ils nous reviennent avec l'excellent "Cowboy poems free", puis en 2002 avec une sorte de symphonie moderne appelée "Mei", qui est meilleur encore.
Avec ce "The end is beautiful", Echolyn gravit une nouvelle marche en termes de qualité, de cohésion et de communication d'émotions. Bien sûr, il ne s'agit pas d'une musique facile, même si cet album est un poil plus accessible que "Mei" : complexe, elle cache des trésors instrumentaux qu'on découvre au ni des écoutes successives. S'il est plus énergique que les précédents, on retrouve malgré tout dans "The end is beautiful" tous les éléments caractéristiques de la formation américaine : mélodies, harmonies vocales influencées par Gentle Giant, complexité alliée aux sonorités modernes etc.
L'album démarre sur un rythme martelé à la batterie accompagné de sirènes de police... puis c'est l'entrée en scène de vocaux
un peu bruts et de sons de synthés et de guitare. Break, puis piano et voix plus calmes continuent ce "georgia pine" avant d'en revenir aux riffs de guitare et aux sons d'Hammond. Le plus frappant, sur l'ensemble de l'album, est sans doute la diversité des sons de claviers, allant sans cesse du piano aux synthés en passant par le Fender Rhodes ou le clavinet (une sorte de clavecin portable). Plus calme, "heavy blue miles", le second titre, est tout en ambiances, en changements de rythmes et en chant très émotionnel. Et bien sûr, on retrouve ces claviers omniprésents sans pour autant être outre mesure dominants, qui donnent la réplique à la guitare.
Alternant ambiances plutôt mélancoliques ("lovesick morning"), nostalgiques ("make me sway") ou oniriques ("the end is beautiful"), les morceaux s'enchaînent ainsi jusqu'au huitième et dernier, "miser/, not memory". Celui-ci regorge une fois de plus d'orgue Hammond, de piano et de mellotron samplé dialoguant avec des guitares survitaminées, le tout agrémenté d'un chant excellent. Et là encore, les rythmes se succèdent et les ambiances s'interpénètrent avant le final en apothéose.
Cet album est conçu essentiellement autour des rythmiques élaborées par le batteur, Paul Ramsey, ce qui explique sans doute partiellement l'énergie qu'il libère. Avec ses influences multiples, dominées par le versant le moins classisant du rock progressif, Gentle Giant en tête, mais aussi le blues-rock, le jazz voire la musique traditionnelle américaine, Echolyn représente certainement ce que le prog sait sécréter de mieux aujourd'hui. Malgré cela, sa musique n'est pas un patchwork et le groupe a assimilé, digéré toutes ces influences, pour les restituer sous forme de rythmes soutenus, de grooves intenses, de mélodies touillées qui s'interpénètrent aboutissant à une musique complexe, à strates multiples et plusieurs niveaux d'écoute. Comme le disent les musiciens eux-mêmes : "The end is beautiful" marque le début d'un nouveau chapitre de l'histoire du groupe.
Benoît Herr
KOID9
Track-list de The End Is Beautiful
1. Georgia Pine (5:49) 2. Heavy Blue Miles (6:48) 3. Lovesick Morning (10:12) 4. Make Me Sway (5:22) 5. The End is Beautiful (7:45) 6. So Ready (5:01) 7. The Arc of Descent (Dancing in a Motel Just West of Lincoln) (5:46) 8. Misery, Not Memory (9:03)
Total Time: 55:46
Line-up de The End Is Beautiful
- Brett Kull / guitars, vocals - Paul Ramsey / drums - Ray Weston / vocals - Tom Hyatt / bass - Chris Buzby / keyboards
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