Pays : Sweden
Genre : Rock Progressif Symphonique
Dates : 1995
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- Avis : 289 note(s) et 29 critique(s)
- Moyenne albums : 7.74
- Classement : 1046
- Consultations groupe : 51414
Article
15/06/2012
Type : entretien
Titre : Love !
On avait quitté les FLOWER KINGS en mal d’inspiration. Rassasiés par des albums fleuves, nos amis suédois commençaient à sérieusement tourner en rond ce qui provoqua l’inévitable silence radio, à défaut de rupture consommée. Rompre cette absence après cinq année d’abstinence avec Bank of Eden, leur onzième album, n’était donc pas anodin pour un stakhanoviste certifié comme Roine Stolt. Et le format choisi, à peine plus de cinquante minutes, est également symbolique de cette volonté de faire peau neuve et de relancer la machine. Ce besoin de resserrer les boulons aura eu du bon. Bank of Eden est sans aucun doute l’un des fleurons de cette formation incontournable. Explications.
AmarokProg : Première question, The Flower Kings est un groupe aujourd’hui incontournable sur la scène du Rock Progressif, mais peu de gens connaissent vraiment l’origine de ce patronyme…
Roine Stolt : C’est très simple. Je faisais un album en 1994 et lors de sa conception, je me suis demandé ce qui se passerait s’il trouvait son public et si je devais jouer sur scène avec un groupe. La question n’était pas innocente parce qu’à ce moment là, j’étais seul sur ce projet. Je me disais, c’est super, j’adore cette musique, mais je vais certainement avoir besoin de musiciens avec moi, de créer mon groupe. Et quel serait un bon nom de groupe ? J’ai pris un papier et j’ai commencé à écrire ce qui me passait par la tête. Peut-être 20 ou 25 noms différents. Je n’étais pas dans une démarche de longue réflexion, les choses ne devaient pas prendre plus d’une heure.
AmarokProg : Une sorte de brainstorming…
Roine Stolt : Exactement ! Et The Flower Kings a été l’un des premiers noms qui me soit venu à l’esprit. Quelques jours plus tard, lorsque j’ai regardé le papier, le nom The Flower Kings a capté mon attention. Je me suis dit que c’était joli. J’avais fait un album solo intitulé The Flower King et il me fallait le transformer très légèrement pour l’adapter à un groupe avec plusieurs musiciens. Bon, ok, c’est comme cela que je m’en souviens mais peut-être que je déforme aujourd’hui la réalité… c’était il y a longtemps maintenant ! (rires)
AmarokProg : Banks of Eden est le 11ème album studio du groupe...
Roine Stolt : Tu dois probablement mieux le savoir que moi. Je suis certain que tu as raison ! (rires)
AmarokProg : 5 ans se sont déroulés depuis le précédent album (ndr : The Sum of No Evil), ce qui constitue votre plus longue période d’inactivité depuis sa création. Peux-tu nous en dire plus sur cette phase de mise en sommeil forcé ?
Roine Stolt : Nous avions fait une dizaine d’albums en autant d’années ce qui constituait un rythme relativement important. Un album par an ! Et sans compter les enregistrements live ou les DVD…
AmarokProg : D’autant que vos albums ressemblent le plus souvent à des double albums…
Roine Stolt : Oui… ils sont en général assez longs. En plus de cela, nous étions en tournée chaque année, en Europe, en Amérique, parfois en Amérique du Sud, et pour la première fois nous avions la sensation d’être en pilotage automatique, dans une sorte de routine, avec ce sentiment étrange de continuer sans véritable engagement. Pour moi et le groupe, c’était quelque chose de frustrant parce que je me sentais isolé. Je tentais de pousser les autres, mais ils n’avaient plus la même envie. C’était ok entre nous, pas de conflit, mais pour eux, The Flower Kings était devenu moins important. Au fil des années, les albums étaient moins précieux, moins signifiants.
AmarokProg : Vous aviez tous besoin de vous rafraîchir les idées…
Roine Stolt : Oui, à ce moment là, tout était de trop. Trop de tournées. Trop d’albums. C’était le bon moment pour faire une pause et passer à autre chose, jouer avec d’autres musiciens.
AmarokProg : C’est vrai aussi que vous aviez tous d’autres projets annexes…
Roine Stolt : Oui, Jonas venait de créer Karmakanic et il faisait encore partie de The Tangent et de Kaipa, pour ma part, j’avais Transatlantic mais je ne savais pas à ce moment là que nous referions un nouvel album. En fait, un mois après la décision de faire cette pause, j’ai reçu un message de Neal Morse pour faire un nouvel album. C’était une étrange coïncidence. Tous les éléments se sont emboités et mis en place sans problème, presque logiquement. Parallèlement, j’avais commencé l’écriture de ce qui allait devenir le premier album de Agents of Mercy. En y réfléchissant, tout s’est plutôt bien arrangé à ce moment là.
AmarokProg : Comme on l’a rappelé, les Flower Kings sont réputés pour la durée des albums. Banks of Eden ne dure que 54 minutes ce qui doit constituer une sorte de record. Était-ce intentionnel de faire plus court cette fois ?
Roine Stolt : L’album a été fait dans ce sens, non pas pour surprendre, mais pour éviter de livrer ce que le public pouvait attendre de nous. Nous sommes de retour après cinq années d’absence, tout le monde peut s’attendre à un double album, à une sorte de magnum opus de notre part. J’ai voulu choquer un petit peu, dans un sens, avec un album plus court.
AmarokProg : Excepté la durée de l’album, quelles sont les différences avec les précédents albums ?
Roine Stolt : Il n’y en a pas tant que cela. Le processus d’écriture et d’enregistrement ont été les mêmes, ou très proches, des précédents albums. Au début, nous avons procédé un peu différemment, en jouant nettement plus live, à la manière de ce qui avait fait pour Paradox Hotel pour lequel tous les musiciens s’étaient retrouvés ensemble en studio. Banks of Eden a été enregistré de la même façon, à l’ancienne. Mais nous n’avons pas franchement innové.
AmarokProg : Cet album sonne quand même un peu plus heavy.
Roine Stolt : Vraiment ? C’est intéressant. Ce n’est pas quelque chose que nous avons décidé. Je crois que c’est surtout le fruit du hasard. Le choix de titres retenus avec des passages plus heavy peut-être. Nous avons également un nouveau batteur, qui apporte une nouvelle couleur à la musique.
AmarokProg : Quel est son impact sur le son des Flower Kings ?
Roine Stolt : Pour commencer, Felix Lehrmann est Allemand, il a 26 ans seulement. Il a travaillé comme musicien de studio à Berlin mais il a aussi tourné avec pas mal d’artistes dans des styles très différents du notre, comme le Hip-Hop, la Pop, le Jazz fusion… il a une palette très large et il nous a dit que son groupe préféré était Van Halen, qu’il aimait beaucoup Terry Bozzio depuis qu’il était enfant, une grande source d’inspiration pour lui, comme John Bonham de Led Zeppelin. Il est vraiment excellent. Si tu lui demande de jouer du jazz, pas de problème, il joue du jazz. Et c’est comme ça pour tous les styles !
AmarokProg : Le premier titre, « Numbers », dure 25 minutes et aborde justement pas mal de styles différents…
Roine Stolt : Je ne sais pas très bien quoi en dire, c’est très difficile de décrire la musique. Ce que je peux te dire c’est que nous avons commencé l’album avec ce morceau justement parce que sa longueur représentait bien l’identité des Flower Kings. Il contient différents éléments, il y a des passages symphoniques, des choses plus atmosphériques, plus soft, d’autres plus rock, plus prog, des choses plus cinématiques. Tout cela correspond bien à notre musique. Voilà pourquoi c’était important de placer ce titre en tête car il semble nous dire « voici les Flower Kings ! » Le reste de l’album est important évidemment, mais pour moi, la première et la dernière chanson restent les plus importantes. La première te fait entrer dans l’album, comme dans un film ou un autre monde, alors que la dernière te laisse avec un certain sentiment, une impression qui doit donner envie de revenir. C’est pourquoi nous répétons certaines choses entre le début et la fin également, pour faire de l’album quelque chose de cohérent, comme un voyage allant d’un point à un autre.
AmarokProg : C’est effectivement l’impression que donne « Numbers » dès son introduction, ce sentiment de rentrer dans un endroit chaleureux et bien connu. Cela n’empêche pas quelques surprises en cours de route !
Roine Stolt : En effet, ce titre possède quelques surprises ! Certaines sont le fruit du hasard, d’autres étaient préméditées. Mais pour en revenir à ton impression, nous ne nous sommes pas assis en nous disant qu’il fallait absolument que les quarante premières secondes soient comme une signature des Flower Kings. Mais bon, tu sais comment ça se passe, entre le son de ma guitare, celui des claviers, les structures de la composition, cela finit forcément par nous ressembler. Et la façon dont j’écris a peu changé depuis le premier album. Je suis la même personne, mes idées sont globalement les mêmes, mes limites également, ma façon d’envisager la musique…
AmarokProg : Tes influences également ?
Roine Stolt : Il y a toujours de nouvelles influences ! Ces 15 ou 16 dernières années, beaucoup de musiques différentes sont passées entre ces oreilles. Mais les fondamentaux restent les mêmes et n’ont pas beaucoup variés.
AmarokProg : Et quelles sont ces nouvelles influences ?
Roine Stolt : Difficile à dire. Probablement tout ce que j’ai entendu en fait. Tout ce que j’ai pu écouter à la radio, à la télévision ou même au cinéma. La musique de mes amis et aussi ce qu’écoutent mes enfants.
AmarokProg : Quel est le dernier bon album que tu as entendu ?
Roine Stolt : Je dois avouer que je n’achète pas beaucoup de disque. Je ne me souviens même pas du dernier album que j’ai acheté. Mes disques viennent le plus souvent d’un ami ou de la maison de disques…
AmarokProg : Écoutes-tu beaucoup de rock progressif ?
Roine Stolt : Pas beaucoup en fait, sinon des classiques des années 70 principalement. Ce sont mes albums préférés. En fait c’est plus une question de styles de musique. Un jour je vais écouter le dernier Foo Fighters, le lendemain du Vangelis, puis du Miles Davis, du Joni Mitchell, Elvis Costello ou Paul McCartney, David Bowie, des trucs bizarres de Zappa… la plupart du temps la musique qui passe à la télévision ne m’intéresse pas ou pas longtemps. De toute façon, je n’ai pas beaucoup de temps pour écouter de la musique. Je ne peux pas faire une pile de CDs et m’y coller… je trouve un peu de temps lors de mes voyages ou à l’hôtel.
AmarokProg : Pour en revenir aux Flower Kings, comment se déroule le processus créatif ? As-tu tout écrit ?
Roine Stolt : Non, je n’ai pas tout écrit pour cet album. Disons que j’ai écrit la plupart des morceaux, mais Jonas a composé le dernier titre, « Rising the Imperial », et je l’ai aidé pour une partie des textes. Tomas a écrit l’introduction de « For the Love of Gold ». De mon côté, j’écris tout le temps mais j’ai écrit « Numbers » spécifiquement pour cet album. Je l’ai commencé fin novembre, début décembre. Le reste est venu ensuite et j’ai commencé les premiers enregistrements en janvier.
AmarokProg : Question piège par excellence, penses-tu que Banks of Eden soit le meilleur album des Flower Kings ?
Roine Stolt : C’est une question difficile. Si tu me le demandais dans quelque temps, peut-être que je pourrais te répondre, mais là, maintenant, c’est compliqué. Je n’ai pas cette notion de meilleur album ou ce genre de choses. Paradox Hotel, par exemple, était un super album, mais est-ce notre meilleur album, je ne sais pas. Je ne crois pas. Je pense que mes albums préférés sont « Stardust We Are » et « Unfold the Future ». Il y a toujours plusieurs morceaux que je trouve formidable dans « The Sum of No Evil » ou « Space Revolver » par exemple, mais même si je mettais les albums les uns à côté des autres, il me serait difficile d’en retirer un seul en particulier.
AmarokProg : Je pense qu’il s’agit quand même d’un album particulier…
Roine Stolt : Oui mais c’est comme lorsque tu veux ressortir un album des Beatles par exemple. Certains diront Abbey Road, moi peut-être Revolver…
AmarokProg : Cela dépend aussi de ton état d’esprit à ce moment là…
Roine Stolt : Oui, exactement.
AmarokProg : Ta discographie est impressionnante avec tous ces projets et ces groupes avec lesquels tu as joué. Quels sont les grands moments qui te reviennent ?
Roine Stolt : Je ne peux pas occulter ce que j’ai fait avec les Flower Kings évidemment, même si je ne peux pas mettre mon doigt sur un album en particulier ou sur une tournée. Tout simplement parce qu’il y a toujours des choses positives dans ces expériences et d’autres, disons que j’aime moins. Mais le succès du groupe est quelque chose dont je suis fier tout comme faire partie de Transatlantic avec le dernier album, formidable, et la tournée qui a suivie qui est peut-être la meilleure tournée sur scène que j’ai pu faire, à tous les niveaux. Les gens venaient nombreux, les musiciens étaient extraordinaires. Nous étions littéralement épuisés en sortant de scène car il s’agissait à chaque fois de plus de trois heures d’expérience musicale particulièrement intenses, mais le public était incroyable, et on a même pu rentrer dans nos frais. Pour moi, il s’agit de l’album parfait, et d’expérience live parfaite. Mais comme je te l’ai dit, concernant les Flower Kings, difficile de dégager une tournée particulière. Certaines villes furent marquantes comme en Amérique du Sud ou au Japon. Le groupe m’a emmené dans plein d’endroits différents et la dernière fois, nous sommes même allés en Russie, à Moscou. C’était en 2008 je crois. C’est probablement quelque chose que je n’aurai pas pu faire si le groupe n’existait pas. Enregistrer des disques, organiser des tournées devant un public qui apprécie ta musique, c’est un parcours complet. Ces 15 dernières années ont été faite de tout cela. Nous avons signé avec Inside Out pour bénéficier d’une sortie mondiale. Le résultat est là.
AmarokProg : Peux-tu nous dire quelques mots sur l’artwork de l’album ?
Roine Stolt : La pochette est différente de ce que l’on a pu produire auparavant. On essaye de trouver quelque chose de nouveau à chaque fois. Hans Christan Andersen avait fait les deux premières cover de Agents of Mercy, je le connaissais et quand j’ai commencé à chercher quelque chose pour l’album, je suis allé sur son site, à la recherche d’une source d’inspiration, et j’ai commencé à discuter avec lui. J’ai trouvé une image vraiment bien alors que je réfléchissais au nom de l’album. Je me suis demandé si les deux fonctionneraient vraiment ensemble, si cela avait du sens. Je pense que pour un artwork ou tout concept visuel d’ailleurs, il faut laisser au public la possibilité de se faire sa propre opinion, sa propre interprétation, lui laisser le soin de remplir les blancs sans avoir à tout surligner. La pochette de « Axis: Bold as Love » de Hendrix est superbe, même si tu ne sais pas vraiment pourquoi l’album s’intitule comme cela. Après on peut se demander pourquoi ce titre, pourquoi ce visuel évidemment. Il y a eu beaucoup de pochettes superbes, celles de Roger Dean pour Yes, Supertramp, Pink Floyd. A l’époque je me demandais pourquoi ils mettaient tel objet ici ou là… ça faisait réfléchir un peu. Dans le cas de Banks of Eden, c’est un visuel que j’avais déjà vu il y a deux ans et Hans m’a envoyé une nouvelle version avec de nouvelles couleurs mais le résultat faisait trop… Harry Potter (rires). Je préférais l’ancienne version, les anciennes couleurs, cela lui donnait un air plus religieux, sans pouvoir dire si tout cela était purement iconique, avec un motif central, assez classique, et cela correspondait bien à l’album selon moi.
AmarokProg : Quels sont vos projets maintenant ?
Roine Stolt : Nous avons fait notre premier show en Suède en mai et nous avons quelques concerts et festivals prévus pendant l’été. Une tournée est prévue en Europe en septembre avec une date à Paris (ndr : le 4 septembre à la Laiterie). Et nous poursuivrons ensuite en automne.
AmarokProg : Des projets avec Transatlantic ou Agents of Mercy ?
Roine Stolt : Oh, rien de prévu cette année malheureusement. On discute, évidemment, pour trouver un moment où nous pourrons tous nous retrouver. Les autres ont également envie de retravailler sur un album, mais nos emplois du temps ne correspondent pas forcément. Mike Portnoy a trois projets simultanés, Pete travaille sur le nouveau Marillion. C’est très compliqué de se synchroniser. Mais c’est juste une question de calendrier. Donc rien cette années, probablement, plutôt l’an prochain. Pour Agents of Mercy, nous sommes en train de réaliser un DVD qui sortira à la fin de l’année. En même temps, je continue d’écrire des chansons et à un moment il sera temps de les enregistrer !
AmarokProg : Pas de projets en solo ?
Roine Stolt : Pas vraiment. Je l’ai déjà fait auparavant mais je ne ressens pas actuellement le besoin de faire un album solo en plus des autres projets. Je suis assez occupé comme cela. (rires)
AmarokProg : Je crois que tu travaillais pourtant sur un projet de musique classique…
Roine Stolt : Oui et j’aimerai bien le finir. Mais c’est un projet extrêmement gourmand en temps. J’ai besoin de n’avoir que cela à faire et à penser. C’est un exercice plus compliqué pour moi, plus difficile que faire du rock ou du rock progressif. Mais personne n’en n’attend rien. Donc, que je le fasse cette année ou dans trois ans importe peu. C’est juste quelque chose que je veux faire pour moi. Je n’espère pas des ventes faramineuses évidemment. C’est un projet très personnel, pour savoir si je peux le faire.
AmarokProg : Ce sera donc le prochain album solo…
Roine Stolt : On ne sait jamais. Peut-être y aura-t-il encore quelque chose avant. Je n’ai rien planifié de ce côté-là. Parfois c’est bien de tout prévoir mais parfois c’est pas mal non plus de suivre ses impulsions. Tu peux te lancer sans réfléchir.
AmarokProg : La dernière question concerne la multiplication des groupes progressifs en Suède et dans les pays nordiques en général…
Roine Stolt : Je ne sais pas. Je pense qu’il y a de nombreux groupes de rock progressif dans d’autres pays. Il y en a beaucoup en Amérique du Sud, en Hollande, en France également. Peut-être que les groupes suédois sont nombreux parce que nous avons une très bonne éducation musicale à l’école. Je n’ai jamais vraiment réfléchis à cela. Cette évolution date de l’apparition de groupes comme Anglagaard en 92 et aujourd’hui il y en a plein ! Moon Safari, Beardfish, Pain of Salvation... dans les années 70 les groupes anglais étaient les plus connus. A cette époque, ils étaient plus originaux. Aujourd’hui les groupes britanniques semblent plus mainstream. Par exemple Frost* est un très bon groupe, en studio et sur scène, mais il ne dégage pas ce que pouvait dégager Genesis avec Peter Gabriel, tous ses concepts donnaient quelque chose de vraiment spécial. Aujourd’hui, si tu regardes les musiciens, la façon de jouer, les instruments, tout est très similaire. Il n’y a plus de Hendrix, plus de Peter Gabriel ou de Keith Emerson. Il y a de très bons musiciens c’est certain mais tu as aussi besoin de folie, parfois, de la folie de Jim Morrison, de Zappa…
AmarokProg : Difficile d’avoir souvent des personnalités aussi exceptionnelles…
Roine Stolt : Je sais, je sais. Mais c’est ce que je recherche aujourd’hui. De nombreux groupes sonnent vraiment bien mais ils ne me renversent pas. Un groupe comme Porcupine Tree fait de très bons albums, est excellent sur scène mais ça reste sage par rapport à Zappa ou aux productions vertigineuses de Pink Floyd, avec ses dizaines de millier de lumières, son cochon qui s’envole et toutes ces choses incroyables. Nous n’avons évidemment pas les moyens de faire cela… tu ne peux raisonnablement pas envisager cela avec des tickets vendus à 25 euros. Les gens veulent bien payer le prix cher pour voir Roger Waters avec The Wall mais ils ne paieront pas le même prix pour les Flower Kings. Il nous reste donc à faire ce que l’on peut et ce que l’on sait faire de mieux. Je crois que c’est aujourd’hui le cas de la plupart des groupes de rock progressif.
Propos recueillis le 11 mai 2012 par Cyrille Delanlssays
Remerciements à Valérie Reux
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